Fidèle aux principes de l’Eglise
Vieille-Catholique en sa globalité à laquelle elle prend source, fidèle de même
(comme la première) aux principes du Droit comme de la Liturgie Romains dont
elle participe aussi, l’Eglise de
Saint-Jean-le-Mystique Vieille-Catholique (çà et là encore, Eglise Mystique de Saint-Jean) recoure
aux Sacrements que dispensent ses Clercs, selon leur état propre et selon les
vues et moyens de l’Eglise Catholique et Apostolique en sa globalité. Nous
présentons ci-après lesdits Sacrements. Qu’il soit une fois pour toutes dit ici
que si, attendu et nos principes-directeurs et notre attachement à la Liturgie
traditionnelle (ce qui n’est point traditionalisme), nous référons comme base
de réflexion et d’action au corpus de la Liturgie et du Droit tridentins (1), il
n’empêche que notre époque n’est pas celle de la création dudit corpus, et
qu’il convenait donc que certains amendements, certaine adaptation, fut permise
et faite çà et là ; toujours toutefois, lorsque cela était dûment
justifié, et alors nous efforçant de conserver le plus intact possible – sinon
la forme humaine du texte – l’esprit initial.
Des Sacrements en général
Il existe une Doctrine Chrétienne, qui exige de la part des Ministres
de l’Eglise des connaissances et des soins, dont la science des Sacrements, si
impérieusement prescrite et si féconde en grâces de salut, qui demande une
instruction et un zèle tout particuliers. Les Ministres devront donc traiter
fréquemment ce sujet, avec toute l’exactitude possible. C’est le moyen de
rendre les Fidèles dignes de participer comme il convient, à des choses si
excellentes et si saintes.
Les sacrements de l’Eglise, sont au nombre de sept. C’est que, pour
vivre, pour conserver la vie, pour l’employer utilement, tant pour lui-même que
pour la société, l’Homme a besoin de sept choses : Il faut qu’il naisse, qu’il
croisse, qu’il se nourrisse, qu’il se guérisse ; s’il tombe malade, il
faut qu’il répare ses forces, lorsqu’elles ont été affaiblies ; ensuite au
point de vue social, il faut encore qu’il ne manque jamais de magistrats
investis d’une légitime autorité ; enfin, qu’il se perpétue, lui-même et
le genre humain, par la génération des enfants. De fait, ces sept conditions
semblent répondre assez bien à la vie spirituelle, c’est-à-dire à la vie de
l’âme pour Dieu, et par conséquent, il est facile de trouver dans ce que nous
venons de dire la raison du nombre des Sacrements.
Le Baptême, qui est le premier et comme la porte des autres, nous fait
naître à Jésus-Christ.
La Confirmation vient ensuite. Elle augmente en nous la Grâce de Dieu et
nous fortifie par sa vertu. Les Apôtres étaient déjà baptisés, au témoignage de
Saint Augustin, lorsque Notre-Seigneur Jésus-Christ leur
dit : Demeurez dans la ville, jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la
Vertu d’en haut.
Puis l’Eucharistie qui, comme un aliment vraiment céleste, nourrit et
soutient nos âmes. C’est d’elle que le Sauveur dit : Ma Chair est
véritablement une nourriture, et mon Sang est vraiment un breuvage.
En quatrième lieu vient la Pénitence, qui rend la santé à nos âmes, quand
elles ont été blessées par le péché.
Ensuite l’Extrême-Onction, qui enlève les restes du péché, et renouvelle
les forces de l’âme. L’Apôtre Saint Jacques a dit de ce Sacrement qu’il remet
nos péchés, si nous en avons.
Le sixième est l’Ordre. C’est lui qui perpétue dans l’Eglise le ministère
des Sacrements, en donnant à ceux qui le reçoivent le pouvoir de les
administrer publiquement, et d’exercer toutes les autres fonctions du culte.
Enfin le Mariage. Ce sacrement est primitivement institué, afin que, dans
une union sanctifiée, l’homme et la femme puissent donner des enfants pour le
service de Dieu et pour la conservation du genre humain, et aussi afin qu’ils
soient capables de les élever chrétiennement.
Si tous les Sacrements possèdent en eux-mêmes une Vertu divine et
admirable, cependant ils ne sont pas tous d’une égale nécessité, pas plus
qu’ils n’ont ni la même dignité, ni la même signification. Ainsi il y en a
trois qui sont regardés comme vraiment nécessaires quoique à des titres
différents. Le Baptême est absolument nécessaire à tous sans aucune exception :
Le Sauveur l’a déclaré Lui-même dans ces paroles : Si quelqu’un ne renaît
pas de l’eau et de l’esprit, il ne peut point entrer dans le Royaume de Dieu.
La Pénitence est nécessaire aussi, mais seulement à ceux qui ont commis quelque
péché grave après leur Baptême. Enfin l’Ordre est également d’une nécessité
rigoureuse, non pas aux Fidèles en particulier, mais à l’Eglise en général.
Si l’on considère dans les Sacrements leur dignité et leur excellence,
l’Eucharistie l’emporte de beaucoup sur tous les autres par la sainteté, le
nombre et la grandeur des Mystères qu’elle contient.
Quoique Dieu soit regardé comme étant le véritable Auteur et
Dispensateur des Sacrements, c’est par des hommes qu’ils sont administrés dans
l’Eglise. Et la tradition constante des saints Pères nous apprend que pour
produire un Sacrement, l’office du Ministre est aussi nécessaire que la matière
et la forme.
Or, ces Ministres, dans l’exercice de leurs fonctions saintes, n’agissent
pas en leur propre nom, mais au nom de Jésus-Christ, dont ils représentent la
Personne. Et c’est pourquoi, qu’ils soient bons ou qu’ils soient mauvais,
pourvu qu’ils emploient la matière et la forme que l’Eglise a toujours
employées, d’après l’institution de Jésus-Christ, et qu’ils aient l’intention
de faire ce que fait l’Eglise elle-même en les administrant, les Sacrements
qu’ils produisent et confèrent, sont de véritables Sacrements. D’où il suit que
rien ne peut empêcher le fruit de la Grâce, si ceux qui reçoivent les
Sacrements ne veulent se priver eux-mêmes d’un si grand bien, et résister au
Saint-Esprit. Telle a toujours été la Foi très explicite de l’Eglise.
Les effets des Sacrements sont au nombre de deux principaux : Le
premier sans contredit est la Grâce, que tous les Docteurs appellent
sanctifiante, et que l’Apôtre Saint Paul exprime très clairement quand il
dit : Jésus-Christ a aimé son Eglise, il s’est livré pour elle, pour la
sanctifier, en la Purifiant par le Baptême de l’eau dans la Parole de
vie. Le second ne leur est point commun à tous ; il n’appartient qu’à
trois d’entre eux, au Baptême, à la Confirmation et à l’Ordre.
Le second effet des Sacrements, c’est le caractère qu’ils impriment
dans l’âme. Lorsque l’Apôtre dit : Dieu nous a oints de son onction.
Il nous a marqués de son sceau, et Il a mis comme gage le Saint-Esprit dans nos
cœur, ces paroles : Il nous a marqués de son sceau, désignent clairement
un caractère, puisque l’effet propre du caractère est de marquer et de former
une empreinte. Or ce caractère est comme une marque imprimée dans l’âme, qui ne
peut s’effacer ni être détruite : elle y demeure éternellement.
Ce caractère a deux effets : l’un nous rend capables de recevoir et de
faire certaines choses du domaine de la Religion, l’autre est comme un signe
qui nous distingue de ceux qui n’en ont pas été marqués.
La forme essentielle et parfaite du Baptême est dans ces mots :
« Je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du
Saint-Esprit. » C’est en ces termes en effet qu’elle fut donnée par
Jésus-Christ, notre Sauveur et notre Dieu, lorsqu’Il dit formellement à ses
Apôtres Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père,
et du Fils, et du Saint-Esprit. Par ce mot : baptisez, l’Eglise
catholique, inspirée de Dieu, a toujours compris que dans la forme de ce Sacrement,
il fallait exprimer l’action du ministre. Et c’est ce que l’on fait, en disant
: « Je te baptise. » Mais, outre les ministres, il fallait encore
exprimer et la personne qui reçoit le Baptême, et la cause principale qui
produit le Sacrement. Voilà pourquoi l’on ajoute le mot : te, et le nom de
chacune des trois Personnes de la Sainte Trinité. De sorte que la forme entière
et complète du Sacrement est renfermée dans ces paroles que nous venons de
citer : « Je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. »
Ce n’est pas en effet la Personne seule du Fils qui opère l’effet de ce
Sacrement, quoique Saint Jean dise : c’est Lui qui baptise, mais ce sont les
trois Personnes de la Sainte Trinité ensemble. Et si l’on dit : Au nom, et
non pas, dans les noms, c’est pour marquer qu’il n’y a qu’une seule nature
et une seule divinité dans la Trinité. Ce mot ne se rapporte donc point aux
Personnes ; il désigne la substance, la vertu, la puissance divine qui est une
et la même dans les trois Personnes.
L’eau n’est employée dans le Baptême que pour signifier l’ablution
intérieure de l’âme, que ce Sacrement opère. Voilà pourquoi Saint Paul
l’appelle un bain.
La première les dispositions de ceux qui se présentent au Baptême,
c’est le désir et la volonté ferme d’être baptisés. Puisque par le Baptême on
meurt au péché, et on embrasse une vie nouvelle, et des principes nouveaux, il
est juste de ne le conférer à qui que ce soit malgré lui, et de ne le donner
qu’à ceux qui l’acceptent volontairement et avec plaisir. La tradition nous
apprend que la coutume a toujours existé de demander à celui que l’on va
baptiser s’il a la volonté de l’être. Et il ne faut pas penser que cette
volonté manque, même chez les plus jeunes enfants, puisque l’Eglise répond pour
eux, et que sa propre volonté à cet égard est bien évidente.
Mais outre le désir formel du Baptême que doivent avoir ceux qui veulent le
Baptême, la Foi leur est également nécessaire pour recevoir la grâce du
Sacrement, et nécessaire au même titre que la volonté. Car ce n’est pas sans
motif que Notre-Seigneur a dit : Celui qui croira et qui sera baptisé
sera sauvé. De plus il faut qu’ils aient un repentir sincère de tous leurs
péchés, de toute leur mauvaise conduite antérieure, et une ferme résolution de
ne plus pécher à l’avenir.
S’agissant des effets du Baptême, la première chose à apprendre sur ce
point, c’est que tous nos péchés nous sont remis et pardonnés par la vertu
merveilleuse du Sacrement de Baptême.
Cependant il faut le reconnaître, et le saint Concile l’a formellement
décrété dans le même endroit, la concupiscence ou le foyer du péché subsiste
encore chez les baptisés ; mais la concupiscence n’est point le péché.
Non seulement le Baptême remet tous les péchés, mais grâce à l’infinie
bonté de Dieu, il remet en même temps toutes les peines qui leur sont dues. Il
est vrai que les Sacrements ont la vertu de nous communiquer les mérites de la
Passion de Jésus-Christ. Mais c’est du Baptême que l’Apôtre a dit que par
lui nous mourons et sommes ensevelis avec Jésus-Christ.
Mais s’il est absolument certain que le Baptême remet toutes les peines
dues aux péchés, cependant il n’exempte point de ces châtiments que les
tribunaux humains infligent aux grands criminels.
Ce Sacrement, non seulement nous délivre, par la vertu qui lui est propre,
de tout ce que l’on peut vraiment appeler les maux, mais qu’il nous enrichit
encore des biens et des dons les plus précieux. Ainsi il remplit notre âme de
cette Grâce divine qui nous rend justes, et nous fait enfants de Dieu,
héritiers du salut éternel. Car, comme il est écrit : celui qui
croira et qui sera baptisé sera sauvé ; et l’Apôtre affirme que
l’Eglise a été Purifiée par le Baptême de l’eau par la parole. Or, d’après le
décret du Concile de Trente, la grâce reçue dans le Baptême n’efface pas
seulement nos péchés, mais elle est encore comme une qualité divine qui
s’attache à l’âme, c’est comme un rayon, une lumière qui en absorbe toutes les
taches, et qui la rend plus belle et plus brillante. Cette vérité se déduit aussi
très clairement de l’Ecriture sainte, lorsqu’elle dit que la grâce est
répandue dans nos cœurs, et qu’elle est un gage du Saint-Esprit.
Du sacrement de Confirmation
L’Eglise a donné le nom de Confirmation à ce Sacrement, parce que
celui qui après son Baptême reçoit de l’Evêque l’onction du Saint Chrême avec
ces paroles sacramentelles « Je vous marque du Signe de la Croix et je
vous confirme par le Chrême du salut, au nom du Père, et du Fils, et du
Saint-Esprit », reçoit aussi, quand rien n’arrête l’efficacité du
Sacrement, une Vertu nouvelle qui le rend plus fort, et qui en fait un parfait
soldat de Jésus-Christ.
Par le Baptême les hommes sont engendrés à une vie nouvelle ; par la
Confirmation au contraire, déjà engendrés auparavant, ils deviennent des hommes
faits, en laissant ce qui tient de l’enfance ; dès lors, autant il y a de
différence entre la naissance et l’accroissement dans la vie naturelle, autant
il y en a entre le Baptême qui nous régénère spirituellement et la Confirmation
qui nous fait croître, et nous donne la force parfaite de l’âme.
La matière du Sacrement de Confirmation s’appelle Chrême. Ce mot tiré
du grec, est employé par les écrivains profanes pour désigner toute espèce de
parfums.
Mais les Auteurs ecclésiastiques ne l’appliquent communément qu’à cette
composition d’huile et de baume, qui se fait avec la bénédiction solennelle de
l’Evêque. Ainsi, deux choses sensibles mêlées ensemble sont la matière de ce
Sacrement. Et par le mélange des éléments différents qui la composent, cette
matière nous montre la diversité des dons du Saint-Esprit, communiqués au
confirmé. Elle fait voir très bien également l’excellence de la Confirmation.
L’huile, qui de sa nature est grasse, qui coule et se répand facilement,
exprime la plénitude de la grâce qui, par le Saint-Esprit déborde et s’étend de
Jésus-Christ notre Chef sur nous comme ce parfum qui coule sur la barbe
d’Aaron, et jusque sur ses vêtements. – Dieu, en effet a versé l’huile de
joie sur son Fils avec plus d’abondance que sur tous les autres, et nous avons
tous reçu de sa plénitude.
Le baume dont le parfum est très agréable, signifie la bonne odeur de
toutes les vertus que les Fidèles répandent, après avoir été rendus parfaits
par la Confirmation, et qui leur permet de dire avec Saint Paul : nous
sommes la bonne odeur de Jésus-Christ devant Dieu. – Une autre propriété
du baume, c’est de ne pas laisser corrompre les choses qui en ont été enduites
; ce qui exprime admirablement la vertu du sacrement de Confirmation, puisqu’il
est constaté que les cœurs des Fidèles, prémunis par la grâce céleste qu’il
communique, se préservent facilement de la contagion du péché.
Ce sacrement n’est pas d’une nécessité absolue qu’il soit impossible
de se sauver sans lui. Mais quoiqu’il ne soit pas nécessaire, personne
cependant ne doit s’en abstenir ; loin de là ; il faut craindre au
contraire, clans une chose si sainte qui nous communique d’une manière si
abondante les dons de Dieu, de commettre la moindre négligence. Ce que Dieu a
établi pour la sanctification de tous, tous doivent aussi le rechercher avec le
plus grand empressement.
Tous ceux qui sont baptisés peuvent être confirmés ; cependant il ne
convient pas d’administrer ce Sacrement à ceux qui n’ont pas encore l’usage de
la raison ; et si l’on ne croit pas qu’il soit nécessaire d’attendre l’âge de
douze ans, au moins est-il convenable de ne pas l’administrer avant l’âge de
sept ans.
La confirmation a cela de commun avec les autres Sacrements, qu’elle
donne une grâce nouvelle, si elle ne trouve aucun empêchement dans celui qui la
reçoit. Tous les Sacrements sont des signes mystiques et sacrés, qui signifient
et produisent tout à la fois la Grâce sanctifiante. Ainsi la Confirmation remet
et pardonne les péchés, puisqu’il est impossible de supposer un instant la
grâce avec le péché. Mais outre ces effets qui sont ceux de tous les Sacrements
en général, la Confirmation a d’abord cela de particulier, qu’elle perfectionne
la grâce du Baptême. Ceux qui sont devenus Chrétiens par le Baptême demeurent
encore faibles et sans énergie, comme des enfants nouvellement nés, mais
ensuite le sacrement du saint Chrême les rend plus forts pour résister aux
attaques de la chair, du monde et du démon ; il fortifie la foi dans leurs
cœurs, pour qu’ils puissent confesser et glorifier le nom de Notre-Seigneur
Jésus-Christ ; et c’est pour cela sans doute que ce Sacrement a reçu le nom de
Confirmation.
Si les Ministres veulent faire connaître la divine efficacité de ce
Sacrement il leur suffira d’expliquer ce qui arriva aux Apôtres. Avant la
Passion, et à l’heure même de la Passion, ils étaient si timides et si faibles,
qu’ils prirent la fuite aussitôt qu’ils virent arrêter Jésus-Christ. Pierre
lui-même, qui avait été désigné pour être la pierre fondamentale de l’Eglise,
qui avait montré d’ailleurs beaucoup de courage et de grandeur d’âme, Pierre
s’effraye à la voix d’une simple femme, et soutient non pas une fois, ni deux,
mais trois fois de suite, qu’il n’est point le disciple de Jésus-Christ. Tous
enfin, après la Résurrection, se retirent dans une maison et s’y renferment par
la crainte qu’ils ont des Juifs. Le jour de la Pentecôte, au contraire ils sont
tellement remplis de la vertu du Saint-Esprit, qu’ils se mettent à prêcher
hardiment, et en toute liberté, l’Evangile qui leur a été confié non seulement
aux Juifs, mais à l’univers tout entier, et qu’ils ne trouvent pas de plus
grand bonheur que celui d’être jugés dignes de souffrir pour le nom de
Jésus-Christ, les affronts, la prison, les tourments et les croix.
Enfin la Confirmation a la vertu d’imprimer un caractère qui fait qu’on ne
peut la recevoir plus d’une fois, ainsi qu’il en est du Baptême, et comme nous
le verrons en parlant du sacrement de l’Ordre.
Parmi les signes mystiques et sacrés institués par Notre-Seigneur
Jésus-Christ pour être comme les canaux fidèles de sa Grâce, il n’en est aucun
que l’on puisse comparer à l’auguste sacrement de l’Eucharistie. Mais aussi il
n’est pas de faute que de manquer de respect et de piété envers un Sacrement
qui renferme tant de sainteté, ou plutôt qui contient l’Auteur même, et le
Principe de toute sainteté.
On appelle ce Sacrement Eucharistie, mot que nous pouvons traduire en
français par Grâce excellente, ou Action de grâces : deux choses qui lui
conviennent parfaitement. C’est une grâce excellente, soit parce qu’Il figure
la Vie Eternelle, dont il a été dit : la grâce de Dieu est la Vie
Eternelle ; soit parce qu’il contient Jésus-Christ qui est la grâce
même, et la source de toutes les grâces. C’est encore évidemment une action de
grâces, puisque en immolant cette victime de toute pureté, nous rendons tous
les jours à Dieu d’infinies actions de grâces pour tous les bienfaits dont Il
nous comble, et spécialement pour le don si parfait de la grâce qu’Il nous
communique par ce Sacrement. De plus, ce nom s’accorde aussi très bien avec les
circonstances qui en accompagnèrent l’institution. Car Jésus-Christ ayant pris
du pain, le rompit et rendit grâces.
Souvent aussi, on lui donne le nom de Sacrifice ; mais nous
parlerons bientôt de ce Mystère avec plus d’étendue.
On le nomme encore Communion, mot évidemment emprunté à ce passage de
l’Apôtre : le calice de bénédiction que nous bénissons, n’est-il pas
la communication du Sang de Jésus-Christ ? et le pain que nous rompons,
n’est-il pas la participation du Corps du Seigneur ? Car, comme l’explique
Saint Jean Damascène, ce Sacrement nous unit à Jésus-Christ, et nous fait
participer à sa chair et à sa divinité ; puis il nous rapproche, il nous unit
en Lui, pour ne plus faire de nous tous qu’un seul corps.
C’est pour cette raison qu’on l’appelle aussi le Sacrement de la Paix
et de la Charité. Et ces mots nous font comprendre combien sont indignes du nom
de Chrétiens ceux qui entretiennent des inimitiés les uns contre les autres, et
avec quel zèle nous devons bannir loin de nous les haines, les dissensions, et
les discordes, qui sont une peste si terrible ; d’autant, que par le Sacrifice
quotidien de notre Religion nous protestons hautement que nous voulons avant
tout conserver la Paix et la Charité.
Les Auteurs sacrés lui donnent encore souvent le nom de Viatique, soit
parce qu’il est la nourriture spirituelle, qui nous soutient dans le pèlerinage
de cette vie ; soit parce qu’il nous prépare et nous assure le chemin qui
conduit à la gloire et à la félicité éternelle. C’est pour cela que la coutume
a toujours été observée dans l’Eglise, de ne laisser mourir personne sans
l’avoir muni de ce Sacrement.
Enfin il y a des Pères de l’Eglise très anciens, qui, fondés sur l’autorité
de l’Apôtre ont donné quelquefois à l’Eucharistie le nom de Cène parce que
Notre-Seigneur Jésus-Christ l’institua dans le mystère, si précieux pour nous,
de la dernière Cène.
L’Eucharistie est un véritable Sacrement, et l’un des sept que
l’Eglise a toujours reconnus et vénérés. D’abord dans la consécration du
calice, il est appelé le mystère de la Foi. Ensuite, sans parler de ces témoignages
presque innombrables des Auteurs ecclésiastiques qui ont constamment placé
l’Eucharistie au rang des vrais Sacrements, on trouve une preuve de son
existence dans sa propre essence.
En effet, nous y voyons des signes extérieurs et sensibles ; la Grâce y est
figurée et produite ; enfin les Evangélistes et l’Apôtre ne laissent aucun lieu
de douter que Jésus-Christ n’en soit l’Auteur. Or, ce sont là précisément les
caractères qui conviennent exclusivement aux Sacrements, et là où ils se
rencontrent, il n’est pas besoin de chercher d’autres preuves.
Mais il faut observer, et avec soin, qu’il y a plusieurs choses dans ce
Mystère auxquelles les Auteurs ecclésiastiques ont donné le nom de Sacrement.
Ainsi ils ont appelé Sacrement la Consécration, la Communion, et souvent
même le Corps et le Sang de Notre-Seigneur qui sont renfermés dans
l’Eucharistie. Saint Augustin dit que ce Sacrement consiste en deux
choses, l’apparence visible des éléments, et la vérité invisible de la chair et
du sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’est dans le même sens que nos disons
qu’il faut adorer ce Sacrement, c’est-à-dire, le Corps et le Sang de
Notre-Seigneur. Mais il est évident que toutes ces choses ne s’appellent
Sacrement que d’une manière impropre. Ce nom ne convient essentiellement et
réellement qu’aux seules espèces du pain et du vin.
On voit par là combien l’Eucharistie diffère de tous les autres Sacrements.
Ceux-ci ne subsistent que par l’emploi de la matière, c’est-à-dire, à l’instant
même où ils sont administrés. Le Baptême, par exemple, ne s’élève à l’état de
Sacrement, que dans le moment où l’on emploie l’eau pour baptiser quelqu’un.
Mais pour compléter et parfaire l’Eucharistie, il suffit de la consécration de
la matière, laquelle ne cesse point d’être un vrai Sacrement, dans le vase même
où on la tient en réserve.
De plus dans les autres Sacrements, la matière et les éléments employés ne
se changent point en une autre substance. L’eau du Baptême et l’huile de la
Confirmation ne perdent point leur nature primitive d’eau et d’huile, lorsqu’on
administre ces Sacrements. Mais dans l’Eucharistie, ce qui était du pain et du
vin avant la consécration, change après la consécration et devient
véritablement le Corps et le Sang de Notre-Seigneur.
Cependant, quoiqu’il y ait deux éléments, le pain et le vin, pour faire la
matière intégrale de l’Eucharistie, il n’y a qu’un seul Sacrement et non pas
plusieurs, selon la doctrine enseignée par l’Eglise.
L’Eucharistie exprime principalement trois choses la première est une chose
passée ; c’est la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il nous l’apprend
Lui-même par ces paroles : faites ceci en mémoire de moi. Puis,
l’Apôtre dit positivement : toutes les fois que vous mangerez ce pain
et que vous boirez ce calice, vous annoncerez la mort de Jésus-Christ, jusqu’à
ce qu’Il vienne.
La seconde est une chose présente. C’est la Grâce divine et céleste que ce
Sacrement nous communique pour nourrir et conserver nos âmes. Dans le Baptême
nous sommes engendrés à une vie nouvelle ; dans la Confirmation nous sommes
fortifiés, afin de pouvoir résister à Satan, et confesser publiquement
Jésus-Christ. Mais dans l’Eucharistie nous recevons la nourriture qui
entretient en nous la Vie spirituelle.
La troisième regarde l’avenir, ce sont les délices et la gloire éternelle
dont Dieu a promis de nous faire jouir dans la céleste patrie.
Ces trois choses, qui ont évidemment rapport au passé, au présent et à
l’avenir, sont néanmoins si bien signifiées par le mystère sacré de
l’Eucharistie, que le Sacrement, quoique composé d’espèces différentes,
représente chacune d’elles en particulier, comme si elles n’en faisaient qu’une
seule.
Ce Sacrement a deux matières : la première dont nous allons parler, c’est
le pain de pur froment ; puis, la seconde que nous verrons plus loin.
Mais si le pain de froment doit seul être regardé comme la matière de
l’Eucharistie, (conformément à la tradition Apostolique et à l’enseignement
formel de l’Eglise Catholique), il est facile de se convaincre que ce pain doit
être sans levain, d’après ce que fit Notre-Seigneur le jour où Il institua ce
Sacrement. C’est en effet le premier des azymes, et chacun sait que ce jour-là
il était défendu aux Juifs d’avoir du pain levé dans leurs maisons.
Cependant cette qualité (pour le pain) d’être sans levain n’est pas
tellement nécessaire, que le Sacrement ne puisse exister, si elle venait à
manquer. Le pain azyme et le pain levé conservent également le nom, les
propriétés et toute la nature du pain véritable, toutefois il n’est permis à
personne, de changer de son autorité privée, ou pour mieux dire d’avoir la
témérité de changer la sainte coutume de son Eglise.
Venons maintenant à l’autre matière de l’Eucharistie. Cette seconde matière
est le vin exprimé du fruit de la vigne, mais auquel il faut mêler un peu
d’eau. L’Eglise catholique a toujours enseigné que notre Sauveur avait employé
du vin dans l’institution de ce Sacrement, puisqu’il dit
Lui-même : Je ne boirai plus de ce fruit de la vigne jusqu’à cet
autre jour... Si c’est le fruit de la vigne, remarque Saint Jean
Chrysostome, c’est donc du vin et non pas de l’eau, comme s’il eût voulu
détruire longtemps d’avance l’hérésie de ceux qui prétendaient que l’eau seule
devait être employée dans le mystère de l’Eucharistie.
Cependant l’usage a toujours été dans l’Eglise de mêler un peu d’eau au
vin. D’abord parce que l’autorité des Conciles et le témoignage de Saint
Cyprien nous apprennent que Notre-Seigneur le fit Lui-même ; ensuite parce que
ce mélange nous rappelle le Sang et l’eau qui coulèrent du côté de
Jésus-Christ. Enfin l’eau, comme nous le voyons dans l’Apocalypse, représente
le peuple. L’eau mêlée au vin, exprime très bien l’union du peuple fidèle avec
Jésus-Christ son Chef. Au reste cet usage est de tradition apostolique, et
l’Eglise l’a toujours observé. Mais quelques graves que soient les raisons de
mettre de l’eau dans le vin, et bien qu’on ne puisse la supprimer sans pécher
mortellement, si elle venait à manquer, le Sacrement n’en existerait pas moins.
Enfin ce que les Prêtres devront bien observer, c’est que si dans la
célébration des saints Mystères, il est nécessaire de mêler un peu d’eau au
vin, ce ne doit être qu’en petite quantité, puisque, au jugement des
théologiens, cette eau se change en vin.
Il n’y a donc que le pain et le vin qui soient la matière de l’Eucharistie
; et c’est à bon droit que l’Eglise a défendu, par plusieurs décrets, d’offrir
autre chose que le pain et le vin, comme quelques-uns avaient la témérité de,
le faire.
Cas deux éléments avaient encore cet avantage qu’ils pouvaient servir à
convaincre les hommes de la présence réelle du Corps et du Sang de Jésus-Christ
dans l’Eucharistie. Tous les jours nous voyons le pain et le vin se changer,
par les seules forces de la nature, en notre chair et en notre sang.
C’est une image qui peut facilement nous amener à croire que la substance
du pain et du vin est changée, par les paroles de la Consécration, au vrai
Corps et au vrai Sang de Notre-Seigneur.
Le changement miraculeux de ces éléments peut servir aussi à nous faire
entrevoir ce qui se passe dans l’âme. De même, en effet, que- la substance du
pain et du vin est changée réellement au Corps et au Sang de Jésus-Christ,
quoiqu’il n’y ait aucune apparence visible de ce changement ; de même, quoique
rien ne paraisse changer en nous au dehors, cependant nous nous trouvons
intérieurement renouvelés pour la Vie spirituelle, en recevant la Vie
véritable, dans le sacrement de l’Eucharistie.
Les Evangélistes Saint Matthieu, Saint Luc et l’Apôtre Saint Paul,
nous apprennent que la forme de l’Eucharistie consiste dans ces paroles
: Ceci est mon Corps, car voici ce qui est écrit : pendant
qu’ils soupaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna à ses
disciples en disant : prenez et mangez ; ceci est mon Corps. Cette forme,
employée par Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même pour la consécration de son
Corps, a été constamment en usage dans l’Eglise catholique.
Quant à la Consécration du vin qui est la seconde matière du Sacrement, il
faut pour les mêmes raisons que nous avons apportées plus haut, que le Prêtre
en connaisse parfaitement la forme : Or, nous devons tenir pour certain qu’elle
est ainsi formulée : « Ceci est le Calice de mon Sang, de la nouvelle
et éternelle Alliance, le mystère de la Foi, qui sera versé pour vous et pour plusieurs,
pour la rémission des péchés. » De ces paroles plusieurs sont tirées
de l’Ecriture, et l’Eglise a reçu les autres d’une tradition apostolique : On
trouve dans Saint Luc et dans l’Apôtre : Ceci est le Calice ; et
dans Saint Luc ainsi que dans Saint Matthieu : de mon sang, ou mon
Sang de la nouvelle Alliance, qui sera versé pour vous et pour plusieurs, pour
la rémission des péchés. Quant à ces autres expressions, éternelle,
et, mystère de la Foi, nous les tenons de la tradition interprète et
gardienne de la Vérité catholique.
Le premier des effets du Sang de Notre-Seigneur, c’est l’accès à l’héritage
éternel, auquel nous donne droit l’Alliance nouvelle et éternelle. Le second,
c’est l’accès à la justice par le mystère de la Foi. Car Dieu a établi Jésus-Christ pour
être la Victime de propitiation, par la Foi dans sort Sang, montrant tout
ensemble qu’Il est juste. Lui-même, et qu’Il justifie celui qui a la Foi en
Jésus-Christ. Le troisième effet est la rémission des péchés.
Mais comme ces paroles de la Consécration du vin sont pleines de mystères ;
et qu’elles sont parfaitement appropriées à ce qu’elles expriment, il y a lieu
de les examiner avec le plus grand soin. Quand on dit : « Ceci est le
calice de mon Sang », ces mots signifient ceci est mon Sang qui est
contenu dans ce calice. Et c’est avec beaucoup de sagesse et de raison que l’on
fait mention du calice, en consacrant le Sang qui doit être le breuvage des
Fidèles. Le Sang par lui-même n’exprimerait pas assez nettement qu’il doit être
bu, s’il ne nous était présenté dans une coupe. Ensuite on ajoute : « de
la nouvelle Alliance », pour nous faire comprendre que le Sang de
Jésus-Christ ne nous est pas seulement donné en figure, comme dans l’ancienne
Alliance dont Saint Paul a dit : qu’elle ne fut point confirmée sans
effusion de Sang, mais en vérité et réellement. Ce qui ne convient qu’à
l’Alliance nouvelle.
Voilà pourquoi Saint Paul a écrit : Jésus-Christ est le Médiateur
du nouveau testament, afin que, par sa mort, ceux qui ont été appelés reçoivent
l’héritage éternel qui leur a été promis : quant au mot éternel, il se
rapporte précisément à cet héritage éternel qui nous est échu par le droit que
nous confère la mort de Jésus-Christ notre testateur éternel.
Les mots qui suivent, à savoir : « Le Mystère de la Foi »,
n’excluent pas la réalité de la chose, ils indiquent seulement qu’il faut
admettre un effet caché et infiniment éloigné de la portée de nos yeux. Le sens
qu’on leur donne ici est tout différent de celui qu’ils ont, quand on les applique
au Baptême.
Comme c’est par la Foi que nous voyons le Sang de Jésus-Christ caché sous
l’apparence du vin, c’est pour ce motif que nous l’appelons le mystère de la
Foi.
Si l’on se persuadait que le sacrement de l’Eucharistie ne contient
que ce que les sens y aperçoivent, on tomberait fatalement dans cette impiété
énorme de croire qu’il ne renferme que du pain et du vin, puisque les yeux, le
toucher, l’odorat, le goût ne rapportent que des apparences de pain et de vin.
Il faut donc faire en sorte qu’on renonce, autant que possible, au jugement des
sens, pour s’élever uniquement à la contemplation de la Vertu et de la
Puissance infinie de Dieu ; car la Foi catholique enseigne et croit, sans
hésitation aucune, que les paroles de la Consécration produisent spécialement
trois effets admirables.
Le premier, c’est que le vrai corps de Notre-Seigneur Jésus-Christ,
Celui-là même qui est né de la Vierge Marie, qui est assis à la droite du Père,
est contenu dans l’Eucharistie.
Le second c’est que dans le Sacrement il ne reste rien de la substance des
deux éléments, quoique cela semble tout-à-fait opposé et contraire au rapport
des sens.
Le troisième, qui se, déduit aisément des deux autres, et qui est
positivement exprimé par les paroles de la Consécration, c’est que par une
disposition inexplicable et toute miraculeuse, les accidents qui apparaissent
aux yeux, et que les autres sens perçoivent aussi, se soutiennent sans le
secours d’aucun sujet. Ils présentent encore toutes les apparences du pain et
du vin. Mais ils ne tiennent à aucune substance ; ils subsistent par eux-mêmes.
Quant à la substance même du pain et du vin, elle est tellement changée au
Corps et au Sang de Jésus-Christ, qu’il n’en reste absolument rien, et qu’il
n’y a réellement plus ni substance du pain, ni substance du vin.
Il y a plus d’une manière de participer à ce Sacrement, afin que les
Fidèles s’efforcent d’employer celle qui est la plus salutaire. Or, dans leur
sagesse, nos pères ont très bien distingué, et le Concile de Trente après eux,
qu’il y a trois manières de recevoir l’Eucharistie.
Les uns reçoivent seulement le Sacrement. Ce sont ces pécheurs qui ne
craignent pas de prendre les saints Mystères avec une bouche et un cœur impurs,
et dont l’Apôtre a dit : Qu’ils mangent et boivent indignement le Corps
du Seigneur. C’est à eux aussi que s’appliquent ces paroles de Saint
Augustin : Celui qui ne demeure pas en Jésus-Christ, et en qui
Jésus-Christ ne demeure pas, ne change certainement point sa Chair
spirituellement, quoique matériellement et visiblement il presse sous ses dents
les Sacrements de son Corps et de son Sang. Mais ceux qui reçoivent les
saints Mystères dans cette disposition, non seulement n’en retirent aucun
fruit, mais même, au témoignage de l’Apôtre, ils mangent et boivent leur
propre condamnation.
Il y en a d’autres qui ne participent à l’Eucharistie que spirituellement
: ce sont ceux qui, animés de cette Foi vive qui opère par la
Charité, se nourrissent de ce Pain céleste par des désirs et des vœux ardents.
S’ils ne retirent pas de ce Sacrement tous les fruits qu’il contient, ils en
reçoivent néanmoins de très considérables.
Enfin il en est qui participent à l’Eucharistie réellement et
spirituellement tout à la fois. Fidèles aux avertissements de l’Apôtre, ils ont
soin de s’éprouver eux-mêmes, et de se revêtir de la robe nuptiale, avant de
s’approcher de la sainte table. Aussi ils ne manquent jamais d’en recueillir
les avantages si abondants dont nous avons parlé. Voilà pourquoi ceux qui
peuvent se mettre en état de recevoir le sacrement du corps de Notre-Seigneur,
et qui se contentent de faire la Communion spirituelle, se privent eux-mêmes
volontairement de biens immenses et célestes.
L’Eucharistie n’est pas seulement le trésor des richesses spirituelles
dont le bon usage nous assure la grâce et l’amitié de Dieu. Elle possède en
outre une vertu particulière qui nous donne le moyen de témoigner à Dieu notre
reconnaissance pour les immenses bienfaits que nous avons reçus de Lui. Or,
pour comprendre combien ce Sacrifice Lui est agréable et cher, lorsqu’on le Lui
offre comme il convient, il suffit de se rappeler de ces sacrifices dont les
Prophètes avaient dit : Vous n’avez voulu ni sacrifices ni
offrandes. – Si vous aimiez les sacrifices, je Vous en offrirais ;
mais les holocaustes ne Vous sont point agréables. Et cependant le
Seigneur les agréait, puisque l’Ecriture atteste qu’Il les a reçus en odeur de
suavité, c’est-à-dire qu’ils Lui ont été réellement agréables. Dès lors que ne
devons-nous pas attendre d’un Sacrifice où l’on immole et où l’on offre Celui
dont une voix céleste a dit deux fois : Celui-ci est mon Fils
bien-aimé en qui J’ai mis foutes mes complaisances ? Les Pasteurs
devront donc expliquer soigneusement ce Mystère aux Fidèles, afin que,
lorsqu’ils assisteront à la Messe, ils soient capables de méditer avec
attention et avec piété sur ce très saint Sacrifice.
Aussi, Notre-Seigneur Jésus-Christ a institué l’Eucharistie pour deux
raisons : la première, afin qu’elle servit à notre âme de nourriture spirituelle
pour soutenir et conserver en elle la vie de la grâce ; la seconde, afin que
l’Eglise possédât un Sacrifice perpétuel, capable d’expier nos péchés, et au
moyen duquel notre Père céleste, trop souvent offensé d’une manière grave pour
nos iniquités, pût être ramené de la colère à la miséricorde et des justes
rigueurs du châtiment à la clémence. Double effet dont nous avons une figure et
une image dans l’Agneau pascal que les enfants d’Israël avaient coutume
d’offrir comme sacrifice, et de manger comme sacrement. Et à coup sûr, au
moment de s’offrir Lui-même à son Père sur l’Autel de la Croix, notre divin
Sauveur ne pouvait nous donner une marque plus éclatante de son immense Charité
que de nous laisser ce Sacrifice visible, afin de renouveler sans cesse cette
immolation sanglante qu’Il allait offrir une fois le lendemain sur la Croix,
afin aussi d’en conserver la mémoire jusqu’à la fin des siècles et d’en
répandre chaque jour les fruits infinis dans tout l’univers, par le moyen de
son Eglise.
Mais il y a une grande différence entre le Sacrement et le Sacrifice. Le
Sacrement a lieu par la Consécration, et le Sacrifice consiste surtout dans
l’Offrande. Ainsi, pendant qu’elle est conservée dans le ciboire, ou bien quand
on la porte aux malades, l’Eucharistie n’a que le caractère de Sacrement, et
non celui de Sacrifice. De plus, en tant que Sacrement, elle est une cause de
mérite pour ceux qui la reçoivent, et leur procure tous les avantages dont nous
avons parlé plus haut. Mais, en tant que Sacrifice, elle possède outre la vertu
de nous faire mériter, celle de satisfaire. De même en effet que Notre-Seigneur
Jésus-Christ a mérité et satisfait pour nous dans sa Passion, ainsi ceux qui
offrent ce Sacrifice, par lequel ils communiquent avec nous, méritent de participer
aux fruits de la Passion de Notre-Seigneur, et ils satisfont pour leurs péchés.
Quant à l’institution de ce Sacrifice, il n’est pas permis d’avoir le
moindre doute, après la déclaration du Concile de Trente ; en effet cette
sainte assemblée dit formellement que Jésus-Christ l’institua dans la dernière
Cène, et elle frappe d’anathème ceux qui prétendent qu’on n’offre point à Dieu
de Sacrifice véritable dans l’Eglise, ou du moins que celui qu’on offre
consiste uniquement à donner la Chair de Notre-Seigneur à manger.
Le Concile n’a point oublié non plus de rappeler soigneusement que le
Sacrifice ne s’offre et ne peut s’offrir qu’à Dieu.
Du sacrement de Pénitence
La faiblesse et la fragilité de la nature humaine sont assez connues,
et chacun en éprouve assez les effets en soi-même, pour que personne ne puisse
ignorer combien le sacrement de Pénitence est nécessaire.
Pour entrer immédiatement en matière, il convient d’expliquer
d’abord les différentes significations du mot de Pénitence, afin que
l’ambiguïté de cette expression n’induise personne en erreur. Les uns prennent
la Pénitence pour la Satisfaction. D’autres, d’un sentiment tout opposé à la
doctrine de la Foi catholique, prétendent que la Pénitence n’est autre chose
qu’une vie nouvelle, sans repentir du passé. Voilà pourquoi il faut montrer que
ce mot a plusieurs sens différents.
Premièrement, on dit de quelqu’un qu’il se repent lorsqu’une chose qui lui
était agréable auparavant, commence à lui déplaire ; que cette chose soit bonne
ou mauvaise, peu importe. Tel est le repentir de ceux dont la tristesse
est selon le monde, et non selon Dieu ; repentir qui opère la mort, et non le
salut.
Un autre repentir, c’est la douleur que l’on éprouve non pas à cause de
Dieu, mais à cause de soi-même, après avoir commis une mauvaise action, qui
auparavant nous souriait.
Un troisième repentir enfin, est celui qui ne se borne pas au regret
sincère et profond du mal que l’on a fait, ni même à des signes extérieurs qui
expriment ce regret, mais qui vient principalement ou uniquement de ce que nous
avons offensé Dieu.
Le nom de Pénitence convient également à ces trois sortes de repentir.
Cependant il faut observer une grande différence entre ces trois sortes de
Pénitence. La première est un défaut ; la seconde n’est que l’affliction d’une
âme agitée et troublée. Et la troisième est tout ensemble une Vertu et un
sacrement. C’est dans ce dernier sens que nous allons entendre ici le mot de
Pénitence.
Mais d’abord nous avons à parler de la Pénitence considérée comme vertu non
seulement parce que les Ministres sont obligés de former les Fidèles à toutes
les vertus en général, mais encore parce que les actes de cette vertu sont
comme la matière sur laquelle s’exerce l’action du sacrement de Pénitence. Et
de fait, si l’on ne connaît d’abord la vertu de Pénitence, il est impossible de
jamais bien comprendre l’efficacité du Sacrement.
En premier lieu on doit donc exhorter les Fidèles à faire tous leurs
efforts et à déployer toute leur ardeur pour obtenir ce repentir du cœur, que
nous appelons la vertu de Pénitence. Sans lui, la Pénitence extérieure est peu
profitable. Or cette Pénitence intérieure consiste à retourner à Dieu du fond
du cœur, à détester sincèrement les péchés que nous avons commis, et à être
fermement décidés et absolument résolus à réformer nos mauvaises habitudes et
nos mœurs corrompues. Mais en même temps nous devons avoir l’espérance que Dieu
nous pardonnera, et nous fera miséricorde. A cette Pénitence vient toujours se
joindre, comme inséparable compagne de la détestation du péché, une douleur,
une tristesse, qui est une véritable émotion, un trouble, et même une passion,
comme plusieurs l’appellent. Voilà pourquoi quelques saints Pères définissent
la Pénitence par ces sortes de tourments de l’âme. Cependant il est nécessaire
que la Foi précède la Pénitence. Personne sans la Foi ne peut se convertir à
Dieu. D’où il suit qu’on ne peut en aucune façon considérer la Foi comme une
partie de la Pénitence. Mais que cette Pénitence intérieure soit une vertu,
comme nous l’avons dit, c’est ce que démontrent clairement les nombreux
Commandements que Dieu nous en fait. Car la Loi ne prescrit que les actes qui
s’accomplissent par vertu. Or, personne ne peut nier qu’il ne soit bon et
louable de se repentir quand, comment, et comme il le faut. Et c’est là
précisément ce qui fait la vertu de Pénitence.
Ce qui prouve encore que la Pénitence est une vertu, c’est la fin que se
propose celui qui se repent véritablement de son péché. Il veut d’abord effacer
sa faute et laver toutes les taches et toutes les souillures de son âme.
Ensuite il désire satisfaire à Dieu pour ses iniquités. Or c’est là évidemment
un acte de justice.
Car s’il ne peut y avoir de justice stricte et rigoureuse entre Dieu et les
hommes, puisqu’ils sont séparés par un intervalle infini, cependant il est
certain qu’il existe entre eux une sorte de justice, que l’on peut comparer à
celle que nous trouvons entre un père et ses enfants, entre un maître et ses
serviteurs.
La troisième fin que se propose celui qui se repent, c’est de rentrer en
grâce avec Dieu, dont il a encouru l’inimitié et la disgrâce par la laideur de
son péché. Toutes choses qui montrent assez que la Pénitence est véritablement
une vertu.
D’abord la miséricorde de Dieu nous prévient, et tourne nos cœurs vers Lui,
pour nous convertir. Ensuite illuminés par cette lumière, nous tendons vers
Dieu par la Foi. Car comme l’Apôtre nous l’assure : Celui qui veut aller à Dieu
doit croire qu’il existe, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le
cherchent. Puis viennent les mouvements de crainte, c’est alors que le
pécheur détache son cœur du péché. C’est à cet état d’âme que semblent se
rapporter ces paroles d’Isaïe : Nous sommes devenus comme celle qui
approche du temps où elle doit enfanter, et qui crie au milieu des douleurs
qu’elle ressent.
A ces sentiments se joint l’espérance d’obtenir miséricorde du Seigneur,
espérance qui nous relève de notre abattement, et nous fait prendre la
résolution d’amender notre vie et nos mœurs.
Enfin la Charité enflamme nos cœurs et fait naître en nous cette crainte
filiale qui convient à des enfants généreux et bien nés. Dès lors ne craignant
plus qu’une seule chose, qui est de blesser en quoi que ce soit la majesté de
Dieu, nous abandonnons entièrement l’habitude du péché.
Quant à la Pénitence extérieure, c’est elle qui constitue, à
proprement parler, le Sacrement, et elle consiste dans certaines actions
extérieures et sensibles qui expriment ce qui se passe dans l’intérieur de
l’âme. .
Quoique Dieu en effet nous ait promis la rémission de nos péchés dans ces
paroles du Prophète : Si l’impie fait pénitence, etc., nous n’en
serions pas moins dans de continuelles inquiétudes sur la vérité de notre
repentir, car personne ne peut se fier au jugement qu’il porte sur ses propres
actions. C’est donc pour détruire toute inquiétude à cet égard, que notre
Seigneur a fait de la Pénitence un Sacrement capable de nous donner la
confiance que nos péchés nous sont pardonnés par l’absolution du Prêtre, et par
suite de mettre plus de calme dans notre conscience par cette Foi légitime que
nous devons avoir dans la vertu des Sacrements. Lorsqu’en effet le Prêtre nous
absout de nos fautes suivant la forme du Sacrement, ses paroles n’ont point
d’autre sens que celles de Notre-Seigneur au paralytique : Mon fils, ayez
confiance, vos péchés vous sont remis !
En second lieu, personne ne peut obtenir le salut que par Jésus-Christ, et
par les mérites de sa Passion. Il était donc très convenable en soi, et très
utile pour nous qu’il y eût un Sacrement qui ferait couler sur nos âmes le Sang
de Jésus-Christ ; un Sacrement qui par sa vertu et son efficacité serait
capable d’effacer tous les péchés commis après le Baptême, et nous obligerait à
reconnaître que c’est à notre divin Sauveur, et à Lui seul, que nous devons le
bienfait de notre réconciliation.
Or, que la Pénitence soit un véritable Sacrement, c’est ce que les Pasteurs
n’auront pas de peine à démontrer. Le Baptême est un Sacrement parce qu’il
efface tous les péchés, et spécialement celui que nous contractons à notre
origine. Par la même raison, la Pénitence qui efface tous les péchés de désirs
et d’actions volontairement commis après le Baptême, doit être un véritable
Sacrement, au sens propre du mot. D’ailleurs, (et c’est ici la raison
principale), dès lors que ce que le Prêtre et le pénitent font au dehors et
d’une manière sensible, exprime nettement les effets qui s’opèrent dans l’âme,
qui oserait soutenir que la Pénitence ne renferme pas toutes les propriétés
d’un véritable Sacrement ? Un Sacrement est le signe d’une chose sacrée.
Or, d’une part, le pécheur qui se repent exprime très bien par ses paroles
et par ses actions qu’il a détaché son cœur du péché, et d’autre part les
paroles et les actions du Prêtre expriment aussi sensiblement que Dieu, par sa
miséricorde, remet Lui-même les péchés. Au reste une preuve évidente de cette
vérité se trouve dans ces paroles du Sauveur : Je vous donnerai les
clefs du Royaume des cieux ; et dans celles-ci : Tout ce que vous
délierez sur la terre, sera délié dans le ciel. Car l’absolution prononcée
par le Prêtre exprime la rémission des péchés qu’elle produit dans l’âme.
Mais il ne suffit pas d’apprendre aux Fidèles que la Pénitence est un
Sacrement, ils doivent savoir encore qu’elle est du nombre de ceux qui peuvent
se réitérer. L’Apôtre Saint Pierre ayant demandé à Notre-Seigneur si l’on
pouvait accorder jusqu’à sept fois le pardon d’un péché, reçut cette
réponse : Je ne vous dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à
soixante-dix fois sept fois. Si donc on doit traiter avec des personnes
qui paraissent se défier de la bonté et de la clémence infinie de Dieu, il faut
raffermir leur courage, et relever leurs espérances vis-à-vis de la Grâce
divine.
Rien ne doit être plus connu des Fidèles que la matière du Sacrement
de Pénitence. Il faut donc leur faire remarquer que la grande différence entre
ce Sacrement et les autres, c’est que la matière de ces derniers est toujours
une chose naturelle ou artificielle, tandis que les actes du pénitent, la Contrition,
la Confession, et la Satisfaction sont, dit le Concile de Trente, comme la
matière de ce Sacrement. Et ces actes sont nécessaires, de la part du
pénitent, pour l’intégrité du Sacrement, et pour l’entière rémission des
péchés. Ceci est d’institution divine. Aussi bien les actes dont nous parlons
sont regardés comme les parties mêmes de la Pénitence. Et si le saint Concile
dit simplement qu’ils sont comme la matière du Sacrement, ce n’est
pas à dire qu’ils ne sont pas la vraie matière ; mais c’est qu’ils ne sont pas
du genre des autres matières sacramentelles, lesquelles se prennent au dehors,
comme l’eau dans le Baptême et le chrême dans la Confirmation. Que si
quelques-uns ont regardé les péchés eux-mêmes comme la matière du sacrement de
Pénitence, leur sentiment ne paraît pas contraire au nôtre, si l’on veut y
regarder de près. De même que nous disons du bois, qu’il est la matière du feu,
parce que le feu le consume ; ainsi nous pouvons très bien dire des péchés,
qu’ils sont la matière de la Pénitence, puisque ce Sacrement les efface et les
consume en quelque sorte.
Les Ministres ne doivent pas négliger non plus d’instruire les Fidèles de
la forme de ce Sacrement. Cela ne peut qu’exciter davantage leur ferveur quand
ils voudront le recevoir, et leur inspirer plus de respect et de vénération
pour s’en approcher. Or voici cette forme : Je vous absous. On pourrait
déjà la tirer de ces paroles du Sauveur : Tout ce que vous délierez
sur la terre, sera délié dans le ciel. Mais les Apôtres nous l’ont transmise
comme l’ayant reçue de Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même. D’ailleurs puisque
les Sacrements signifient ce qu’ils produisent, ces paroles : « Je vous
absous », montrent très bien que la rémission des péchés s’opère par
l’administration de ce Sacrement ; par conséquent il est clair qu’elles en sont
la forme complète. Les péchés, en effet, sont comme des liens qui tiennent nos
âmes enchaînées, et que le sacrement de Pénitence vient briser. Et le Prêtre ne
dit pas moins la vérité, lorsqu’il prononce ces paroles sur un pénitent qui par
la vivacité d’une Contrition parfaite, accompagnée du vœu de la Confession, a
déjà obtenu de Dieu le pardon de ses péchés.
A ces paroles, on ajoute plusieurs prières qui ne sont pas nécessaires pour
la forme du Sacrement, mais qui ont pour but d’écarter tout ce qui pourrait
empêcher sa vertu et son efficacité par la faute de celui auquel il est
administré.
Quelles actions de grâces ne doivent donc point rendre à Dieu les pécheurs,
de ce qu’Il a donné un si grand pouvoir aux Prêtres de son Eglise ? Il ne
s’agit plus maintenant comme autrefois, sous la Loi ancienne, du témoignage du
Prêtre qui se bornait à déclarer que le lépreux était guéri. non, le pouvoir
des Prêtres dans l’Eglise est si étendu qu’ils ne se contentent pas de déclarer
que le pécheur est absous de ses péchés, mais qu’ils donnent réellement, comme
Ministres du Seigneur, l’Absolution qui est ratifiée en même temps par Dieu
Lui-même, Auteur et Principe de la grâce et de la justification.
La pénitence est comme un arbre, dont les racines sont amères,
mais dont les fruits sont pleins de douceur.
Et d’abord la Pénitence possède la vertu de nous rétablir dans la grâce de
Dieu, et de nous unir à Lui par une étroite amitié.
Ensuite cette réconciliation produit ordinairement chez les personnes
pieuses, qui reçoivent ce Sacrement avec Foi et piété, une paix profonde, une
tranquillité parfaite de conscience, et des joies ineffables de l’Esprit-Saint.
Il n’y a point d’ailleurs de crime si grand et si horrible, qui ne puisse être
effacé par le sacrement de Pénitence, non seulement une fois, mais deux fois,
mais toujours. Dieu Lui-même nous en donne l’assurance par ces paroles du
prophète : Si l’impie fait pénitence de tous les péchés qu’il a
commis, s’il garde mes commandements, s’il pratique le jugement et la justice,
il vivra de la vie et il ne mourra point ; et Je ne me souviendrai point de
toutes les iniquités qu’il a commises. C’est là ce qui a fait dire à Saint
Jean : Si nous confessons nos péchés, Dieu est fidèle et juste pour
nous les pardonner. Et plus loin : Si quelqu’un a péché, dit-il, sans
excepter aucune sorte de péché, nous avons pour avocat auprès du Père,
Jésus-Christ qui est juste, qui est Lui-même propitiation pour nos péchés, et
non seulement pour les nôtres, mais pour ceux du monde entier.
Si nous lisons dans l’Ecriture que certains personnages n’ont point obtenu
de Dieu miséricorde, bien qu’ils l’eussent demandée avec ardeur, nous savons
que cela tenait à ce qu’ils n’avaient pas un repentir et une douleur sincères
de leurs fautes. Ainsi lorsque nous trouvons dans nos Saints Livres, ou dans
les saints Pères, quelques passages qui semblent affirmer que certains péchés
sont irrémissibles, il faut entendre par là que le pardon de ces péchés est
extrêmement difficile à obtenir. De même qu’il est des maladies que l’on dit
incurables parce qu’elles inspirent au malade l’horreur des médicaments qui
pourraient le guérir ; de même il y a des péchés dont on n’obtient pas le
pardon parce qu’ils font repousser la grâce de Dieu, cet unique remède du
salut. C’est dans ce sens que Saint Augustin disait : Lorsqu’un homme
arrivé à la connaissance de Dieu par la grâce de Jésus-Christ, blesse ensuite
la Charité fraternelle, et que s’élevant contre la grâce même, il s’abandonne
aux fureurs de l’envie, le mal de son péché est tel qu’il ne peut même
s’abaisser à en demander pardon, quoique d’ailleurs les remords de sa
conscience le forcent à reconnaître et à avouer sa faute.
Mais pour revenir aux effets du sacrement de Pénitence, la vertu d’effacer
les péchés lui est tellement propre, qu’il est impossible de l’obtenir, ni même
de l’espérer par un autre moyen. Si vous ne faites pénitence, dit notre
Seigneur, vous périrez tous. Il est vrai que ces paroles ne
s’appliquent qu’aux péchés graves et mortels. Cependant les péchés légers, que
l’on nomme véniels, exigent aussi leur genre de pénitence. Car, dit Saint
Augustin, cette espèce de pénitence qui se fait tous les jours dans
l’Eglise pour les péchés véniels serait tout-à-fait vaine, si ces péchés
pouvaient se remettre sans pénitence.
Venons-en à la Contrition. Voici comment la définissent les Pères du
Concile de Trente : La Contrition est une douleur de l’âme et une
détestation du péché commis, avec un ferme propos de ne plus pécher à l’avenir. Puis
parlant un peu plus loin du mouvement de la Contrition, ils ajoutent : Ce
mouvement prépare à la rémission des péchés, pourvu qu’il soit accompagné de la
confiance en la miséricorde de Dieu et de la volonté de faire tout ce qui est nécessaire
pour bien recevoir le sacrement de Pénitence.
Cette définition fera très bien comprendre que l’essence de la Contrition
ne consiste pas seulement à cesser de pécher, à prendre la résolution de mener
une vie nouvelle, ou même commencer déjà ce nouveau genre de vie, mais encore
et surtout à détester et à expier le mal de la vie passée. C’est ce que
prouvent parfaitement ces gémissements des Saints que nous retrouvons si
souvent dans nos saintes Lettres. Je m’épuise à gémir, dit David, je
baigne toutes les nuits mon lit de mes larmes. Et encore : Le
Seigneur a écouté la voix de mes pleurs.
Isaïe s’écrie à son tour : Je repasserai en votre présence,
Seigneur, toutes mes années dans l’amertume de mon âme. Paroles qui, comme
tant d’autres semblables, sont l’expression évidente d’un repentir profond des
fautes commises et de la détestation de la vie antérieure.
Mais quand on dit que la Contrition est une douleur, il faut avertir de ne
point s’imaginer qu’il est ici question d’une douleur extérieure et sensible.
La Contrition est un acte de la volonté. Et Saint Augustin nous avertit
que la douleur accompagne le repentir, mais qu’elle n’est pas le
repentir. Les Pères du Concile se sont servis du mot douleur pour exprimer
la haine et la détestation du péché, soit parce que la sainte Ecriture s’en
sert elle-même : Jusques à quand, s’écrie David, mon âme sera-t-elle
agitée de pensées diverses, et mort cœur en proie à la douleur durant le jour
entier ? Soit aussi parce que la Contrition engendre la douleur dans
cette partie inférieure de l’âme qui est le siège de la concupiscence.
Puisque la vraie Contrition est un acte de Charité qui procède de
la crainte filiale, il est évident que la Contrition ne doit point avoir
d’autre mesure que la Charité elle-même. Et comme la Charité par laquelle nous
aimons Dieu est l’amour le plus grand, il s’ensuit que la Contrition doit
emporter avec elle la douleur de l’âme la plus vive. Dès lors que nous devons
aimer Dieu plus que toutes choses, plus que toutes choses aussi nous devons
détester ce qui nous éloigne de Lui. Et ce qui confirme notre raisonnement,
c’est que les saintes Ecritures emploient les mêmes termes pour exprimer
l’étendue de la Charité et celle de la Contrition. Ainsi, en parlant de la
première elles disent : Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre
cœur ; et, quand il s’agit de la Contrition le Seigneur nous crie par
la bouche du Prophète : Convertissez-vous de tout votre cœur.
En second lieu, de même que Dieu est le premier de tous les biens que nous
devons aimer, de même aussi le péché est le premier et le plus grand de tous
les maux que les hommes doivent haïr. Et par conséquent la même raison qui nous
oblige à reconnaître que Dieu doit être souverainement aimé, nous oblige
également à concevoir pour le péché une haine souveraine. L’amour de Dieu doit
être préféré à tout. Même pour conserver sa vie il n’est pas permis de pécher.
Il y a là pour nous un devoir formel. Ecoutons plutôt ces paroles de
Notre-Seigneur : Celui qui aime son père ou sa mère plus que Moi n’est pas
digne de Moi. Et encore : Celui qui voudra sauver sa vie la
perdra.
L’institution de la Confession était nécessaire. Sans doute la
Contrition efface les péchés, mais ne voit-on pas qu’elle doit être dans ce
cas, si forte, si vive, si ardente, que la violence de la douleur puisse égaler
et atteindre l’énormité des fautes commises ? Et comme il y en a peu qui
soient capables de parvenir à un si haut degré de repentir, il y en a peu aussi
qui doivent espérer par ce moyen le pardon de leurs péchés. Il était donc
nécessaire que Notre-Seigneur Jésus-Christ, dans son infinie clémence, pourvût
au salut de tous par une voie plus facile. Et c’est ce qu’il a réalisé d’une
manière admirable, en donnant à son Eglise les clefs du Royaume des cieux. En
effet, l’enseignement de la Foi catholique est formel. Nous devons tous croire
et affirmer sans réserve, que si quelqu’un est sincèrement repentant de ses
péchés, s’il est bien résolu à ne plus les commettre à l’avenir, – lors même
qu’il ne ressentirait pas une Contrition suffisante pour obtenir son pardon –
tous ses péchés lui sont remis et pardonnés par le pouvoir des clefs, s’il les
confesse à un Prêtre approuvé. Aussi tous les saints Pères ont eu soin de
proclamer, et avec raison, que le ciel nous est ouvert par les clefs de
l’Eglise, et le Concile de Florence a mis cette vérité hors de doute en
décrétant que l’effet du sacrement de Pénitence est de purifier du
péché.
Si nous confessons nos péchés, c’est pour en obtenir le pardon. Car le
tribunal de la Pénitence est bien différent des tribunaux humains. Là, en
effet, la peine et la confusion des aveux sont loin de compter pour
l’acquittement de la faute, et pour le pardon des égarements. Les Saints Pères
semblent avoir donné de la Confession une définition semblable à la nôtre,
quoique en termes différents, quand ils disent comme Saint
Augustin : La Confession, c’est la révélation d’une maladie cachée,
avec l’espoir d’en obtenir la guérison ; ou bien, comme Saint
Grégoire : C’est la détestation des péchés. Ces deux définitions
peuvent facilement se rapporter à la nôtre, puisque la nôtre les contient.
Du sacrement de l’Extrême-Onction
Nous disons que ce sacrement est appelé extrême-Onction, parce que de
toutes les Onctions saintes qui ont été prescrites par Notre-Seigneur
Jésus-Christ à son Eglise, c’est celle qui s’administre la dernière. C’est
pourquoi nos pères dans la Foi donnaient encore à ce Sacrement le nom d’Onction
des Malades et de Sacrement des Mourants.
L’Extrême-Onction est un véritable Sacrement. Et il ne peut y avoir aucun
doute sur ce point, si l’on veut faire attention aux paroles dont l’Apôtre
Saint Jacques s’est servi pour promulguer la loi de ce Sacrement : Si
quelqu’un est malade parmi vous, dit-il, qu’il fasse venir les Prêtres de
l’Eglise, et qu’ils prient sur lui en l’oignant d’huile au nom du Seigneur ; et
la prière de la Foi sauvera le malade : et le Seigneur le soulagera ; et s’il a
des péchés, ces péchés lui seront remis. Puisque, suivant l’Apôtre, les
péchés sont remis par cette Onction, elle a donc la nature et la vertu d’un
Sacrement. Telle a toujours été d’ailleurs la Doctrine de l’Eglise catholique
sur l’Extrême-Onction ; un grand nombre de Conciles en font foi. Mais celui de
Trente l’a déclaré si formellement qu’il prononce l’anathème contre ceux qui
auraient la témérité d’enseigner ou de penser le contraire. Le Pape Innocent Ier recommande
également ce Sacrement aux Fidèles, avec beaucoup de force.
L’élément, ou la matière de ce Sacrement, comme l’ont déclaré plusieurs
Conciles, et spécialement le Concile de Trente, c’est l’huile consacrée par
l’Evêque, non toute sorte d’huile en général, extraite d’une substance
adipeuse, mais seulement l’huile d’olive. Cette matière exprime parfaitement
les effets que la vertu de l’Extrême-Onction opère dans l’âme. De même que
l’huile est très propre à adoucir les douleurs du corps, ainsi la vertu de ce
Sacrement diminue la tristesse et les douleurs de l’âme. De plus l’huile rend
la santé, donne la joie, et sert d’aliment à la lumière, mais surtout elle est
très efficace pour renouveler les forces du corps abattu par la fatigue. Or
tous ces effets représentent sensiblement ce que la puissance divine opère chez
les malades par l’Extrême-Onction.
Quant à la forme qui lui est propre, elle consiste dans ces paroles et ces
prières consacrées que le Prêtre prononce en faisant chacune des Onctions, et
en disant : « Par cette sainte Onction que le Seigneur vous pardonne tout
ce que vous avez fait de mal, par la vue, par l’odorat ou par le
toucher. » Et ce qui nous indique que c’est bien là la forme propre
et véritable du Sacrement dont nous parlons, ce sont ces paroles de Saint
Jacques : Et qu’ils prient sur lui, et la prière de la Foi sauvera le
malade.
Cependant, comme il n’arrive pas toujours que les malades guérissent, on
lui a donné pour forme une Prière, afin que par ce moyen nous obtenions de la
bonté de Dieu un effet que la vertu du Sacrement ne produit pas nécessairement,
ni toujours.
Il y a aussi des Cérémonies particulières qui accompagnent l’administration
de ce Sacrement. Ce sont, pour la plupart, des formules de prières que le
Prêtre récite pour obtenir le salut du malade. Il n’y a point de Sacrement qui
s’administre avec plus de prières. Et certes ce n’est pas sans motifs. Il n’est
pas de moment en effet où les Fidèles aient un besoin plus grand de ce pieux
secours.
C’est pourquoi tous ceux qui se trouvent présents, et surtout les
Ministres, doivent alors prier Dieu de tout leur cœur, et recommander à sa
miséricorde la vie et le salut du malade avec toute la ferveur possible.
Il convient de savoir qu’à ce Sacrement se trouve attachée une grâce
qui remet les péchés, et même directement les péchés légers ou véniels, comme
on les appelle communément ; car, pour les fautes mortelles, elles sont
effacées par le sacrement de Pénitence. L’Extrême-Onction n’a pas été instituée
directement pour remettre ces sortes de fautes ; le Baptême et la Pénitence
seuls ont la vertu de produire cet effet.
Un second avantage de l’Extrême-Onction, c’est de guérir l’âme de cette
langueur et de cette infirmité qu’elle a contractées par ses péchés, et de la
délivrer de tous les autres restes de ses fautes. Or le temps le plus propre
pour opérer cette guérison, c’est celui d’une maladie grave où la vie est en
danger. Rien n’est plus naturel à l’homme que de craindre la mort, surtout
lorsqu’il se rappelle ses péchés passés, et que sa conscience les lui reproche
plus vivement.
Du sacrement de l’Ordre
La puissance ecclésiastique est double ; elle se partage 1° en pouvoir
d’Ordre, 2° en pouvoir de Juridiction.
Le pouvoir d’Ordre (2) a pour objet le Corps adorable de Notre-Seigneur
Jésus-Christ dans la Sainte eucharistie.
Le pouvoir de Juridiction s’exerce tout entier sur son Corps mystique.
C’est à lui qu’il appartient de gouverner le peuple chrétien, de le conduire et
de le diriger dans la voie de la céleste et éternelle félicité.
Le pouvoir d’Ordre n’a pas seulement la vertu et la propriété de consacrer
l’Eucharistie ; il prépare encore les cœurs à recevoir ce Sacrement, il
les en rend dignes, et, en général, il s’étend à tout ce qui peut avoir quelque
rapport avec l’Eucharistie.
Nos Saints Livres parlent de ce pouvoir en beaucoup d’endroits. Mais nulle
part il n’est exprimé plus clairement, ni d’une manière plus expresse, que dans
Saint Matthieu et dans Saint Jean. Comme mon Père m’a envoyé, dit
Notre-Seigneur, ainsi je vous envoie : recevez le Saint-Esprit : les
péchés seront remis d ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à
ceux d qui vous les retiendrez. Ailleurs, il disait : En vérité
Je vous le dis ; tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel ;
et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. Ces
deux textes pourront jeter une lumière très grande sur la Vérité que nous
exposons, si les Pasteurs ont soin de les expliquer d’après la doctrine et
l’autorité des saints Pères. Combien une telle puissance ne l’emporte-t-elle
pas sur celle qui fut accordée sous la loi de nature aux hommes chargés du soin
des choses sacrées ! Car l’âge qui précéda la Loi écrite, eut, lui aussi,
son sacerdoce et son pouvoir spirituel, puisqu’il est certain qu’il avait sa
loi : loi et sacerdoce tellement inséparable, au témoignage de
l’Apôtre, que le changement de l’une entraîne nécessairement le changement
de l’autre. Guidés par un instinct, ou plutôt par une inspiration naturelle,
les hommes de ce temps-là sentaient qu’ils devaient honorer Dieu, et, par une
conséquence nécessaire, ils durent, dans chaque pays, confier à quelques
personnes choisies le soin des choses saintes et du service divin : ce qui
constitue par le fait une sorte de pouvoir spirituel.
C’est pour exercer ce pouvoir que des Ministres particuliers ont été
institués et consacrés avec des Cérémonies solennelles. Cette Consécration a
reçu le nom de sacrement de l’Ordre ou de sainte Ordination. Et si les saints
Pères ont cru devoir employer cette expression dont la signification est très
étendue, c’est que précisément ils voulaient faire mieux apprécier la dignité
et l’excellence des Ministres de Dieu.
L’Ordre en effet, à prendre ce mot dans sa force et dans son acception
propre, est un arrangement de choses supérieures et de choses inférieures,
disposées entre elles de telle sorte que l’une se rattache à l’autre. Par
conséquent, puisque dans ce ministère il y a plusieurs degrés et plusieurs
fonctions différentes, et que tout est distribué et arrangé selon un ordre
déterminé, le nom d’Ordre lui a été très bien et très justement appliqué.
Que l’Ordre, ou l’Ordination sacrée, soit un véritable Sacrement de
l’Eglise, le saint Concile de Trente le prouve par ce raisonnement : le
Sacrement est le signe d’une chose sacrée ; or ce qui se fait extérieurement
dans cette Consécration signifie la grâce et la puissance qui sont accordées à
celui que l’on ordonne. Il est donc bien évident d’après cela que l’Ordre est
un vrai Sacrement dans toute la rigueur du terme. Aussi quand l’Evêque ordonne
un Prêtre, il lui présente le Calice avec le vin et l’eau, et la Patène avec le
pain en disant : « Recevez le pouvoir d’offrir le Sacrifice, etc... »
Car l’Eglise a toujours enseigné que ces paroles, jointes à la matière,
confèrent réellement le pouvoir de consacrer l’Eucharistie, et qu’elles
impriment dans l’âme un caractère qui porte avec lui la grâce nécessaire pour
s’acquitter dignement et légitimement de cette Fonction. Ainsi le déclare
l’Apôtre lui-même : Je vous avertis, dit-il à Timothée, de
ressusciter la grâce de Dieu qui est en vous par l’imposition de mes mains ;
car Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais un esprit de force,
d’amour et de sagesse.
Ainsi, pour nous servir des expressions du saint Concile, l’exercice d’un
Sacerdoce si sublime étant une chose toute divine, il était de toute
convenance, pour y attacher plus de dignité et lui attirer plus de vénération,
qu’il y eût dans l’Eglise plusieurs sortes de Ministres de rangs différents, et
destinés à assister les Prêtres, chacun selon ses fonctions propres. Voilà
pourquoi ces fonctions sont distribuées de telle sorte que ceux qui ont reçu la
tonsure cléricale, sont élevés ensuite aux Ordres supérieurs, en passant par
les Ordres inférieurs.
Ces Ordres sont au nombre de sept, désignés sous les noms de Portier, de
Lecteur, d’Exorciste, d’Acolyte, de Sous-Diacre, de Diacre et de Prêtre. Et
c’est avec une grande sagesse que ces Ordres ont été établis en pareil nombre.
Il est facile de le prouver par les différents Ministères qui sont nécessaires
pour célébrer le Saint Sacrifice de la Messe, et pour administrer la Sainte eucharistie.
Car c’est pour ces deux fins qu’ils ont été spécialement institués. Ces Ordres
se divisent en majeurs, et en mineurs. Les Ordres majeurs, qu’on appelle aussi
Ordres sacrés, sont la Prêtrise, le Diaconat et le Sous-diaconat. Les Ordres
mineurs sont ceux d’Acolyte, d’Exorciste, de Lecteur et de Portier. Nous allons
dire un mot de chacun d’eux, afin que les Pasteurs puissent les expliquer,
surtout à ceux qui, selon eux, seraient appelés à les recevoir.
La Tonsure est comme une préparation à la réception des
Ordres. Ceux à qui on coupe les cheveux, en les consacrant à Dieu, sont
introduits par-là dans la voie du sacrement de l’Ordre, car cette Cérémonie est
la figure des dispositions que doit avoir celui qui désire se vouer aux
Ministères sacrés.
Le nom de Clerc qu’on reçoit alors pour la première fois vient de ce que le
tonsuré commence à prendre le Seigneur pour sa portion et pour son héritage.
Quelques-uns veulent que la tonsure soit la marque de la dignité royale qui
semble l’apanage réservé à ceux que Dieu appelle à Le prendre pour leur
héritage. Car ce que l’Apôtre Saint Pierre attribue au peuple chrétien tout
entier, quand il dit : Vous êtes la race choisie, le sacerdoce royal, la
nation sainte, convient bien mieux encore, et d’une manière toute particulière
– on le comprend aisément – aux Ministres de la Sainte Eglise. Il en est
d’autres qui prétendent que la tonsure ou couronne des Clercs est le signe de
la vie plus parfaite dont ils font profession (la figure circulaire étant la
plus parfaite de toutes les figures). Enfin quelques autres pensent que la
tonsure marque le mépris des choses de ce monde et l’abandon de tous les soins
terrestres, parce qu’elle retranche une partie des cheveux qui sont en effet
quelque chose de superflu dans le corps humain.
Après la Tonsure, le premier degré pour entrer dans les Ordres, c’est
l’Ordre des Portiers. Le Portier a pour Fonction de garder les clefs et la
porte de l’Eglise, et d’empêcher d’entrer ceux qui n’en sont pas dignes.
Autrefois il assistait au Saint Sacrifice de la Messe pour veiller à ce que
personne n’approchât trop près de l’Autel, et ne vînt troubler le Prêtre occupé
à célébrer les saints Mystères.
Le second degré de l’Ordre est celui de Lecteur. La fonction de
Lecteur est de lire dans l’Eglise, d’une voix claire et distincte, les Livres
de l’Ancien et du nouveau testament, et surtout ceux qui se récitent pendant la
Psalmodie de la nuit. Autrefois il était encore chargé d’enseigner aux Fidèles
les premiers éléments de la Religion chrétienne.
Le troisième Ordre est celui des Exorcistes. Ils ont le pouvoir
d’invoquer le nom du Seigneur sur ceux qui sont possédés par des esprits
immondes.
Enfin le quatrième et dernier des Ordres mineurs est celui des Acolytes.
Ils accompagnent les Ministres supérieurs, Diacres et Sous-Diacres, dans le
service de l’Autel, et ils ont pour charge de les aider. En outre ils portent
et gardent des cierges allumés, pendant la Messe, et surtout pendant la lecture
de l’Evangile.
Des Ordres mineurs et non-sacrés dont nous venons de parler, on peut
s’élever légitimement et parvenir aux Ordres majeurs et sacrés. Au premier
degré de ces Ordres, on rencontre le Sous-Diacre dont les Fonctions,
comme le nom l’indique, sont de servir le Diacre à l’Autel. C’est lui qui doit
préparer les linges sacrés, les vases, le pain et le vin nécessaires à la
célébration du Sacrifice. Aujourd’hui c’est lui qui présente l’eau à l’Evêque
et au Prêtre, lorsqu’ils se lavent les mains à la Messe. C’est à lui également de
réciter l’Epître, qui était lue autrefois par le Diacre. Il assiste aux saints
Mystères comme témoin, et il est chargé de veiller à ce que personne ne vienne
troubler le Célébrant.
Ces différentes Fonctions qui appartiennent au Sous-Diacre sont toutes indiquées
dans les Cérémonies sacramentelles de son Ordination. Personne ne doit être
admis à cet Ordre, sans avoir la volonté sincère de se soumettre à l’obligation
de son Ministère.
Le second des Ordres sacrés, c’est le Diaconat, dont les fonctions
sont beaucoup plus étendues et ont toujours été regardées comme beaucoup plus
saintes. Le Diacre doit toujours être à côté de l’Evêque ; garder sa personne
pendant qu’il prêche ; le servir, lui et le Prêtre, dans la célébration du
sacrifice comme dans l’administration des Sacrements, et de plus lire
l’Evangile à la Messe. Autrefois il avertissait de temps en temps les Fidèles
de se rendre attentifs aux saints Mystères. Il distribuait aussi le Sang du
Seigneur dans les Eglises où les Chrétiens avaient l’habitude de recevoir
l’Eucharistie sous les deux espèces. En même temps la dispensation des biens
ecclésiastiques lui était confiée et il devait fournir à chacun ce qui lui
était nécessaire pour son entretien. C’est encore au Diacre, comme l’œil de
l’Evêque en quelque sorte, de voir quels sont ceux qui dans les temps marqués
vont aux Sacrifices et aux Sermons, et ceux qui y manquent ; ensuite il doit en
rendre compte à l’Evêque, afin qu’il puisse exhorter, avertir, reprendre,
blâmer, soit en particulier, soit en public, suivant qu’il le jugera plus utile
et plus convenable. Le Diacre lit aussi les noms des Catéchumènes et il
présente à l’Evêque ceux qui doivent être admis au sacrement de l’Ordre. Enfin,
à défaut de l’Evêque et du Prêtre, il peut encore expliquer l’Evangile, mais
non pas du haut de la chaire, afin qu’il soit bien compris que cette Fonction
n’appartient pas proprement à son ministère.
Le troisième et le plus élevé des Ordres sacrés, c’est le Sacerdoce.
Ceux qui en sont revêtus sont désignés communément sous deux noms distincts par
les Pères des premiers siècles. Tantôt ils sont appelés Prêtres, d’un mot
grec qui signifie anciens : et cela non seulement à cause de la
maturité de l’âge si nécessaire pour cet Ordre, mais beaucoup plus encore à
cause de leur savoir, de leur prudence et de la gravité de leurs mœurs. Car il
est écrit : La vieillesse vénérable n’est point celle qui se compte
par le nombre des années et la longueur du temps ; c’est la prudence qui est la
vieillesse de l’homme, et la vie sans tache est une longue vie.
Tantôt, on les nomme Sacerdotes, mot latin qui veut dire ou qu’ils
sont consacrés à Dieu, ou bien qu’ils administrent les Sacrements, et qu’ils
sont chargés de toutes les choses sacrées et divines.
Mais comme les saintes Lettres distinguent deux Sacerdoces, l’un intérieur
et l’autre extérieur, il est nécessaire de les caractériser tous deux, afin que
les Pasteurs puissent expliquer de quel Sacerdoce il est ici question.
Ainsi lorsqu’on dit des Fidèles purifiés par l’eau du Baptême qu’ils sont
prêtres, c’est d’un Sacerdoce intérieur que l’on veut parler. Dans le même
ordre d’idées, tous les justes sont prêtres, qui ont l’esprit de Dieu en eux,
et qui sont devenus par un bienfait de la Grâce, membres vivants du souverain
Prêtre qui est Notre-Seigneur Jésus-Christ.
En effet, ils immolent à Dieu, sur l’autel de leur cœur, des hosties
spirituelles, toutes les fois que, éclairés par la Foi et enflammés par la
Charité, ils font des œuvres bonnes et honnêtes qu’ils rapportent à la
gloire de Dieu.
Quant au Sacerdoce extérieur, il n’appartient point à tous les Fidèles,
mais seulement à certains hommes qui ont reçu l’imposition des mains d’une
manière légitime ; qui ont été ordonnés et consacrés à Dieu avec les Cérémonies
solennelles de la Sainte Eglise, et qui, par le fait, se trouvent dévoués à un
ministère sacré, et d’une nature toute particulière.
Cette distinction des deux Sacerdoces peut déjà se remarquer dans
l’ancienne Loi. David, comme nous venons de le montrer, a parlé du Sacerdoce
intérieur. D’autre part personne n’ignore combien le Seigneur fit d’ordonnances
relatives au Sacerdoce extérieur, par le ministère de Moïse et d’Aaron. Il y a
plus, Il attacha au service du temple la tribu de Lévi tout entière, et Il
défendit par une Loi d’admettre à ces Fonctions sacrées aucun homme d’une autre
tribu. Et comme nous découvrons dans la Loi Evangélique cette même distinction
d’un double Sacerdoce, il importe d’avertir qu’il s’agit ici du Sacerdoce
extérieur, conféré seulement à certains hommes. Lui seul, en effet, appartient
au sacrement de l’Ordre.
Les fonctions du Prêtre sont d’offrir à Dieu le Saint Sacrifice de la
Messe et d’administrer les Sacrements de l’Eglise. C’est ce qu’il est facile de
voir par les Cérémonies mêmes de son Ordination.
Cet Ordre est un en lui-même. Toutefois cette unité n’exclut pas différents
degrés de dignité et de puissance.
Le premier de ces degrés est celui de la Prêtrise proprement
dite. Nous venons d’en parler.
Le second est celui de l’Episcopat. Les Evêques sont placés à la tête des
Diocèses, pour gouverner non seulement les autres Ministres de l’Eglise, mais
encore le peuple fidèle et pour s’occuper de leur salut avec une vigilance et
un soin extrêmes. C’est ce qui les a fait appeler souvent dans
l’Ecriture les Pasteurs des brebis ; et Saint Paul a tracé leurs
devoirs et leurs fonctions dans ce discours qu’il adressa aux Ephésiens, et que
nous lisons dans les Actes des Apôtres.
Saint Pierre a donné aussi lui-même une règle toute divine pour l’exercice
du Ministère épiscopal, et si les Evêques s’étudient à y conformer leur
conduite, il est impossible qu’ils ne soient pas de bons Pasteurs, et qu’ils ne
passent pour tels.
Le troisième degré est celui des Archevêques. Ils sont à la tête d’un
certain nombre d’Evêques. Leur dignité est plus élevée et leur puissance plus
étendue que celle des Evêques, quoique leur Ordination soit absolument la même
(3).
La première qualité requise dans celui qui aspire au Sacerdoce, c’est la
pureté de vie et de mœurs. Mais de plus le Prêtre est obligé de donner aux
autres l’exemple d’une vie vertueuse et innocente. Les Ministres auront donc
soin de faire connaître les règles que Saint Paul prescrivait à cet égard à
Tite et à Timothée. Ils enseigneront en même temps que les défauts corporels
qui excluaient du service des Autels d’après les prescriptions du Seigneur dans
la Loi ancienne doivent s’entendre des vices de l’âme dans la Loi Evangélique.
C’est pourquoi cette sainte coutume s’est établie dans l’Eglise de
n’admettre aux Ordres sacrés que ceux qui auparavant purifient soigneusement
leur conscience dans le sacrement de Pénitence.
En second lieu le Prêtre est obligé non seulement de connaître ce qui
regarde l’usage et l’administration des Sacrements, mais encore d’être assez
versé dans la science des saintes Ecritures, pour pouvoir apprendre au peuple
les Mystères de la Foi chrétienne avec les préceptes de la Loi divine,
l’exhorter à la Piété et à la Vertu, le retirer et l’éloigner du vice. Car le
Prêtre a deux grands devoirs à remplir : l’un de produire et d’administrer les
sacrements, l’autre d’enseigner aux Fidèles confiés à sa garde les choses et
les règles de conduite nécessaires au salut.
Pour remplir le premier de ces devoirs, il n’est pas besoin, il est vrai,
d’une science extraordinaire, mais d’autre part une science commune ne suffit
point pour s’acquitter convenablement du second. Cependant on ne demande pas
également à tous les Prêtres de savoir le dernier mot sur les points les plus
obscurs.
C’est assez que chacun connaisse ce qui est indispensable pour l’exercice
de sa charge et de son ministère.
Quoique destiné directement au bien et à l’avantage de l’Eglise, le
Sacrement de l’Ordre produit néanmoins dans l’âme de celui qui le reçoit, la
Grâce de la sanctification qui le rend propre et habile à remplir ses Fonctions
et à administrer les Sacrements d’une manière convenable, de même que la grâce
du Baptême rend propre à recevoir tous les autres Sacrements.
Il est encore une autre Grâce que l’Ordre confère, c’est une puissance
particulière par rapport au très saint sacrement de l’Eucharistie ; puissance
pleine et parfaite dans le Prêtre, parce qu’il peut seul consacrer le Corps et
le Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; mais plus ou moins grande dans les
Ordres inférieurs, selon que leur ministère les rapproche plus ou moins du
sacrement de l’Autel. C’est cette grâce que l’on appelle caractère spirituel,
parce qu’elle est comme une marque imprimée dans l’âme de ceux qui ont été
ordonnés, qui sert à les distinguer des simples Fidèles, et qui les consacre au
service divin. C’est cette Grâce que l’Apôtre avait sans doute en vue, quand il
écrivait à Timothée : Ne négligez pas la Grâce qui est en vous, qui vous a
été donnée suivant une révélation prophétique, avec l’imposition des mains des
Prêtres ; et encore : Je vous avertis de ressusciter la Grâce de
Dieu qui est en vous par l’imposition de mes mains.
Parlons d’abord de la nature et des propriétés du Mariage, tant il est
à craindre que les Fidèles trompés par une fausse apparence de Mariage, ne
vivent dans l’erreur en suivant l’entraînement de leurs caprices. Mais pour
donner ces explications il faut voir d’abord ce que signifie ce mot de Mariage
(4).
Le Mariage est l’union conjugale, contractée selon les Lois de l’Eglise, et
constituant une communauté de vie inséparable.
Pour bien comprendre toutes les parties de cette définition, il faut
remarquer que si, dans un Mariage parfait, on trouve tout d’abord le
consentement intérieur des personnes, puis un pacte, ou convention extérieure
exprimée par des paroles, ensuite l’obligation et le lien qui naît de la
convention, et enfin les rapports des époux qui achèvent le Mariage, rien de
tout cela cependant n’en renferme la nature et l’essence, excepté cette
obligation, ce lien qui est indiqué dans le mot d’union.
On ajoute le mot conjugale, parce que les autres contrats ou
conventions pour lesquels les époux s’obligent à se prêter un mutuel secours,
par argent, ou autrement, n’ont rien de commun avec le Mariage.
Ces mots qui viennent ensuite, contractée suivant les lois, ou
bien, entre personnes légitimes, nous montrent qu’il est des personnes à
qui les lois interdisent absolument le Mariage, et par conséquent qui ne
peuvent contracter validement cette sorte d’union ; et celle qu’elles
tenteraient serait nulle. Ainsi par exemple le Mariage ne peut être contracté
légitimement ni validement entre personnes parentes au quatrième degré, ni
entre celles qui n’auraient point l’âge fixé par les lois qui régissent la
matière et que l’on doit toujours observer fidèlement.
Enfin nous avons dit que le Mariage oblige les époux à vivre dans une
communauté inséparable, parce que le lien qu’il établit entre eux est a priori
indissoluble.
Le Mariage n’est pas une simple donation, c’est un pacte mutuel, par
conséquent le consentement d’un seul ne saurait suffire pour le former, il faut
le consentement des deux parties. Or il est clair que la parole est nécessaire
pour manifester le consentement réciproque des cœurs.
Après ces explications il faudra faire remarquer que le Mariage a un double
caractère : on peut le considérer comme une union naturelle (car ce n’est pas
une invention des hommes, mais une institution de la nature), ou bien comme un
Sacrement, dont la vertu est supérieure aux choses purement naturelles. Et
comme la grâce perfectionne la nature, et que, au témoignage de
l’Apôtre le spirituel ne précède point ce qui est animal, mais qu’il ne
vient qu’après, l’ordre logique demande que nous traitions d’abord du Mariage,
en tant qu’il est fondé sur la nature et qu’il produit des obligations
naturelles. Nous exposerons ensuite ce qu’il est comme Sacrement.
La base de l’Institution du Mariage est tout entière dans la Genèse,
où il est écrit : Dieu créa l’homme et la femme. Il les bénit et leur
dit : croissez et multipliez. Et encore : Il n’est pas bon que
l’homme soit seul : faisons-lui un aide qui lui ressemble. Puis un peu
plus loin : Il ne se trouvait point pour Adam d’aide qui fut semblable à
lui. Le Seigneur lui envoya un doux sommeil, et pendant qu’il dormait Il lui
tira une côte, et mit de la chair à la place, et de la côte qu’Il venait
d’enlever à Adam Il forma la femme qu’Il lui présenta, et Adam, la voyant,
s’écria : c’est l’os de mes os et la chair de ma chair. Elle sera appelée d’un
nom pris de l’homme parce qu’elle a été tirée de l’homme. C’est pourquoi
l’homme abandonnera son père et sa mère, et il s’attachera à sa femme, et ils
seront deux dans une même chair.
Quant à ces paroles du Seigneur : Croissez et multipliez, elles ont
pour but de faire connaître la cause de l’institution du Mariage, et non d’en
imposer l’obligation à tout le monde.
Après avoir expliqué ce qui regarde le Mariage considéré comme union
naturelle, il faut l’étudier maintenant comme Sacrement, et montrer que sous ce
rapport il est beaucoup plus excellent, et qu’il tend à une fin beaucoup plus
élevée.
Si le but du mariage, en tant qu’union naturelle, est la propagation de la
race humaine, ensuite le Mariage a été élevé à la dignité de Sacrement, afin
qu’il en sortit un peuple engendré et formé pour le culte et la religion de
Jésus-Christ notre Sauveur.
Aussi cette union sainte de l’homme et de la femme est-elle donnée par
Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même comme le signe visible de cette union si
étroite qui existe entre Lui et son Eglise, et de l’immense Charité qu’Il a
pour nous. C’est ainsi qu’il a symbolisé la divinité d’un si grand mystère. Et
en effet ce choix était de toute convenance, puisque de tous les liens qui
enchaînent les hommes entre eux, et qui les rapprochent les uns des autres, il
n’en est pas de plus étroit que le Mariage ; les Epoux sont attachés l’un à
l’autre par la charité et la bonté la plus grande. Voilà pourquoi nos Saints
Livres nous représentent si souvent l’Union divine de Jésus-Christ avec son
Eglise sous l’image de noces ou Mariage.
Le premier bien du Mariage, c’est la famille, c’est-à-dire les enfants
nés d’une union légitime et véritable.
Le second bien du Mariage, c’est la Foi ; non pas cette vertu de Foi que
nous recevons, et qui nous pénètre, en quelque sorte, dans le Baptême ; mais
cette Foi mutuelle qui lie si étroitement les Epoux, qu’ils se donnent
entièrement l’un à l’autre, avec la promesse de ne jamais violer la sainte
alliance du Mariage.
La fidélité du Mariage demande en outre que les Epoux s’aiment d’un amour
particulier, tout chaste et tout pur, bien différent (ce qui ne l’exclut pas)
de l’amour purement charnel, mais d’un amour semblable à celui de Jésus-Christ
pour son Eglise.
Le troisième bien du Mariage, c’est le Sacrement, c’est-à-dire, le lien qui
unit les Epoux.
@ R. P. Paul Clément, Vicaire-Général pour la
Région du Nord de la France,
Mission Saint-Michel
Notes :
(1) Aussi le texte que nous donnons s’inspire-t-il
du Catéchisme Romain Composé
par le Concile de Trente, 1564-1566, dans la traduction française faite par E. Marbeau et A. Charpentier, 1906,
d’après l’édition Desclée & Cie, Imprimatur à Tournai, 1923.
(2) Une
note importante ici, qui regarde les usages de l’Eglise de Saint-Jean-le-Mystique comme de la plupart des Eglises
Vieilles-Catholiques : l’entrée dans les Ordres n’est pas réservée aux
seuls hommes ; et les femmes y sont admises sur le même pied d’égalité,
nulle raison valable les excluant a priori de l’exercice du Culte sous toutes
ses formes. Par ailleurs, et comme ce fut l’usage historique, et l’est encore
en maintes Eglises ou Communautés chrétiennes, l’Ordination ne force ni au
célibat, ni à l’interdiction de la sexualité pour les Clercs entrés dans les
Ordres Majeurs.
(3)
C’est ici le lieu d’une autre remarque importante. Rappelons que la Hiérarchie
de l’Eglise Vieille-Catholique en son ensemble diffère de celle de l’Eglise
Catholique Romaine (Vaticane) en ce que ce sont des Archevêques-Primats (qu’on
trouve au reste aussi au sein de l’Eglise de Rome) qui constituent la tête,
pour chacun, de leur propre territoire ecclésiastique et ce sans qu’aucun ait
prééminence sur les autres. Nul autre titre ou fonction au sein de notre Eglise
au-delà de l’Archevêque.
(4)
Qu’on n’oublie point en ce chapitre l’évolution de la Société comme des
mentalités. Sans sacrifier pour autant aux usages sous le seul prétexte de
suivre son temps, il n’en demeure pas moins vrai – et pertinent – que nulle
Institution ne peut subsister durablement (si elle entend parler à ses
contemporains) si elle ne prend en considération les vœux et inclinations
légitimes des hommes et des femmes du siècle. Il convenait donc sur nombre de
points, de tempérer quelque peu par rapport à certaines exigences qui peuvent
s’avérer plus ou moins dépassées de nos jours. Là comme ailleurs, en toute
circonstance, conserver à l’esprit et au cœur la tolérance du message de
Notre-Seigneur, plus prompt à comprendre qu’à condamner ou rejeter.