jeudi 20 novembre 2008

L' Eglise catholique s' est toujours accomodée de la diversité des rites des Eglises particulières qui la composent.


LA DIVINE LITURGIE

Le rite d'une Église particulière est l'ensemble des manifestations publiques de sa vie religieuse, avec ses caractéristiques propres. La prière liturgique en est évidemment une des parties essentielles.

L'Église catholique s'est toujours accommodée de la diversité des rites des Églises particulières qui la composent.

Contrairement à ce que l'on pourrait attendre, plus on remonte dans l'histoire du passé chrétien, plus on y voit fleurir une variété liturgique de plus en plus abondante. Primitivement le président de la réunion sacrée improvisait librement la prière sur un thème donné par la tradition. Naturellement, ces formules ne franchissaient pas les limites de l'assemblée où elles étaient prononcées. Mais petit à petit les chefs d'Églises prirent l'habitude de rédiger leurs compositions eucologiques et les communautés pensèrent à mettre par écrit les improvisations de leurs hiérarques parce qu'elles leur semblaient particulièrement remarquables. Et c'est ainsi que commencèrent à circuler des collections de prières attribuées avec plus ou moins de raison aux grands évêques du passé, et elles s'imposaient par leur valeur propre à un cercle toujours plus étendu. En même temps, les évêques des Églises moins importantes étaient amenés toujours davantage à recourir aux lumières du clergé plus nombreux et mieux formé des grands centres chrétiens et à subir leur emprise. C'est ainsi que les usages de ces métropoles ecclésiastiques furent peu à peu adoptés par toutes les chrétientés de leur ressort. C'était là le premier pas vers l'unification liturgique qui devait aboutir, en Occident, à la prédominance presque totale du rite romain et, dans le monde orthodoxe oriental, au règne absolu de celui de Constantinople.

Il faut donc admettre que cette unification fut beaucoup plus un mouvement spontané de la vie ecclésiastique qu'une obligation imposée du dehors par une autorité centralisatrice à l'excès. Rome, en particulier, a généralement professé en cette matière le plus grand respect pour les traditions légitimes des Églises particulières, et les Souverains Pontifes ont très souvent proclamé les droits des liturgies orientales et leur volonté qu'il n'y fût porté aucune atteinte. L'attachement que les Églises d'Orient leur ont voué n'a donc rien de contraire au véritable esprit catholique. Celui-ci signifie, en effet, que non seulement l'Église s'étend à tous les pays et à tous les peuples, mais qu'elle embrasse et unifie dans l'unité de foi tous les particularismes ethniques, tout ce qu'il y a de saint dans les traditions de chaque peuple, leurs habitudes psychologiques et leurs attitudes religieuses. Or les anciennes liturgies sont sans conteste les joyaux les plus précieux de l'héritage des Églises orientales.

LES DIFFÉRENTS RITES.

La tradition catholique connaît les rites suivants :

En ORIENT :
I ) les rites dérivant de l'ancien rite alexandrin :


a) le rite copte,
b) le rite éthiopien ;

2) les rites qui dérivent de l'ancien rite antiochien :

a) le rite syrien occidental, héritier direct de l'ancien rite d'Antioche, et qui se survit sous deux formes : le rite dit syrien pur, qui est pratiqué par les jacobites et les Syriens catholiques, et le rite maronite ;
b) le rite syrien oriental, celui de l'ancienne Église de Mésopotamie, qui est suivi par les nestoriens et les Chaldéens unis ;
c) le rite arménien, en usage chez les Arméniens grégoriens et les Arméniens unis ;
d) le rite byzantin, que l'on pourrait plus exactement dénommer syro-byzantin, qui a pris sa forme définitive à Byzance et qui, par cette ville, a été communiqué à tout le monde oriental : aux orthodoxes byzantins des provinces de Syrie et d'Égypte, et aux nouvelles chrétientés fondées par les missionnaires byzantins dans les Balkans, en Russie et, à une époque plus rapprochée, en Extrême Orient, en Amérique, etc.

En OCCIDENT :
I)le rite romain actuellement de loin le plus répandu de tous les rites chrétiens parce qu'il fut successivement adopté par les Églises des Gaules (IXe siècle) et d'Espagne (XIIIe) et qu'il a été porté dans toutes les parties du monde par les missionnaires catholiques. Il se présente d'ailleurs sous plusieurs formes. La plus commune est celle qui a été codifiée par Pie V et qui est suivie à Rome et dans presque toutes les Églises dites latines. Mais il en est d'autres qui en diffèrent ; ce sont les liturgies traditionnelles des anciens ordres monastiques (bénédictins, cisterciens, chartreux), de l'ordre dominicain, de l'ordre des carmes et de certaines Églises particulières comme Lyon, Bayeux et Braga ;

2) le rite ambrosien jalousement conservé dans l'archidiocèse de Milan ;

3) le rite mozarabe, l'ancien rite des Églises de la péninsule ibérique, conservé comme une relique dans quelques églises de Tolède.

LANGUE LITURGIQUE.

La question de la langue employée dans le culte divin est toute différente et sans rapport avec les liturgies elles-mêmes et avec la discipline des diverses Églises qui se sont constituées au cours des siècles. Les premières communautés chrétiennes furent établies dans des cités d'une certaine importance où la langue universellement employée était le grec. Dès lors, ce fut en cette langue que se fit la première prédication chrétienne ; ce fut elle qui fut employée par les Apôtres et leurs disciples. A mesure que la foi pénétrait dans les campagnes non hellénisées d'Orient et d'Occident ou qu'elle était exportée dans les pays étrangers à l'empire romain, tels que l'Arménie, la Géorgie, l'Éthiopie, les ouvriers évangéliques furent amenés par la force des choses à employer les idiomes de ces différents peuples pour leur enseigner la doctrine et la prière chrétiennes. On commença à célébrer le culte divin en latin, en Afrique, en Gaule, dans les cantons ruraux de l'Italie (à Rome, le latin liturgique n'est pas antérieur au IIIe s.) ; en copte, pour les Égyptiens ; en syriaque, pour les habitants des petites villes de la province d'Orient (cette langue fut aussi celle des communautés chrétiennes de l'empire perse qui étaient composées presque exclusivement de Syriens) ; en arménien, en géorgien, en éthiopien, pour les habitants de ces pays, et en gothique. Plus tard, lorsque Byzance prit l'initiative du grand mouvement missionnaire qui devait convertir les peuples slaves, ses apôtres reprirent la même tactique : ils traduisirent en slave l'Écriture Sainte et les livres liturgiques. En Occident, au contraire, les missionnaires emportaient avec eux le latin qui était en passe de devenir la langue universelle de la civilisation occidentale et le demeura jusqu'à l'époque moderne.
Actuellement, en Occident, le latin a encore le privilège d'être la seule langue liturgique des rites mozarabe et ambrosien et même du rite romain : à une exception près cependant : depuis saints Cyrille et Méthode, le rite romain a été traduit en paléoslave pour les Églises de Croatie, de Dalmatie et de quelques localités de la Slovaquie et de la Bohême. En Orient, la situation est toute différente. On y trouve des rites qui sont devenus purement nationaux. Tels sont les rites copte, éthiopien, arménien, syrien, syro-malabar ; on y garde jalousement la langue traditionnelle même là où elle a cessé de vivre. Cependant, on fait un emploi très étendu de la langue actuellement parlée (l'arabe surtout) pour certaines parties de l'office, et particulièrement pour les lectures. Le rite byzantin n'a pas ce caractère étroitement nationaliste ; aussi le célèbre-t-on dans les langues les plus diverses. Sa langue originale est sans doute le grec, mais il a été traduit en slavon pour la Russie, la Bulgarie, la Yougoslavie ; en roumain, pour la Roumanie ; en arabe, pour les populations syriennes et égyptiennes parlant cette langue ; en géorgien ; dans les nombreuses langues des peuples allogènes de la Russie ; en japonais, pour les missions russes du japon ; en coréen, pour celles de la Corée ; en chinois, pour celles de Chine ; en hongrois, pour les Hongrois de rite byzantin ; en anglais, pour une minorité d'orthodoxes des États-Unis et d'Angleterre, voire même en français.

ÉGLISE ET MOBILIER LITURGIQUE.

Les églises byzantines sont généralement orientées. Elles se divisent en trois parties : le sanctuaire, du côté de l'Orient, le narthex à l'Occident, la nef entre les deux.

Pénétrons dans l'église par le narthex qui est souvent précédé lui-même d'un porche extérieur, l'exonarthex. C'est une salle plus ou moins grande dont tous les murs sont garnis de stalles. Le narthex était autrefois le lieu où se retiraient les pénitents et les catéchumènes après avoir été congédiés par le diacre. Les moines y célèbrent les parties les moins solennelles de l'office divin : l'office de minuit, les heures, l'office des complies. On se rend également au narthex en procession aux vêpres des jours de fête. On y dit les prières pour toute la chrétienté qu'on appelle litie.
Le narthex est séparé de la nef par les portes royales situées dans l'axe de l'édifice. Souvent, dans les grandes églises, elles sont flanquées à droite et à gauche de deux ou quatre autres portes de moindre importance.
La nef ou église proprement dite est un carré ou un rectangle plus ou moins allongé. Souvent elle est surmontée d'une ou de cinq coupoles. Elle est partagée en deux parties de surface inégale.
Immédiatement devant les portes de l'iconostase, se trouve une sorte d'estrade surélevée de quelques degrés, appelée soleas. C'est là que se tiennent les clercs inférieurs. A droite et à gauche du soleas sont les choeurs, séparés du reste de la nef par des cancels : c'est la place des chantres. Le centre du soleas, souvent un peu élargie en forme de demi-cercle, s'appelle ambon : le diacre y lit le saint Évangile.
Dans l'église il y a généralement des pupitres supportant des icones et appellés proskynitaires.
Enfin, la nef est séparée du sanctuaire par une cloison appelée iconostase. C'est l'ancien cancel séparant le sanctuaire de la nef comme dans les églises occidentales, mais qui s'est ultérieurement chargé d'icones et n'a pris sa physionomie actuelle qu'à une date relativement récente. Elle est percée de trois portes : une au milieu ; une à droite, la porte sud ; une à gauche, la porte nord. L'ouverture du milieu est feunée par une porte à deux battants d'où son nom pluriel de «portes saintes », et de plus par un rideau. Elles ne s'ouvrent qu'aux moments où le clergé doit y passer dans les cortèges solennels qui marquent la célébration de l'office. Il faut également noter que, seuls, les ministres supérieurs : diacres, prêtres et évêques peuvent les franchir et encore doivent-ils être revêtus de leurs vêtements liturgiques. Les portes nord et sud sont fermées par des portes pleines ou par des rideaux et laissent passage aux ministres inférieurs et aux ministres supérieurs qui ne sont pas en vêtements sacrés. Ajoutons enfin que les trois portes sont ouvertes toutes grandes au début de l'office de la nuit de Pâques et qu'elles le restent pendant la semaine qui suit, pour marquer que, par sa mort et sa résurrection, le Christ nous a ouvert les portes du ciel.
Le sanctuaire est ordinairement surélevé de plusieurs degrés. 11 renferme l'autel, la prothèse, le diakonikon, le trône épiscopal et les sièges pour le clergé (I).
L'autel se trouve au milieu du sanctuaire, devant les portes saintes. Il n'a pas de degré particulier et est de forme carrée. Il est recouvert d'une sorte de housse qui y est fixée par l'évêque le jour de la consécration et que l'on appelle katasaykion. Le katasarkion est lui-même recouvert d'une garniture de soie de même étoffe et de même couleur que celle des ornements, appelée endyti et qui couvre l'autel des quatre côtés et jusqu'à terre. Enfin, au moment d'offrir le saint sacrifice, on déplie sur l'autel ainsi paré un iliton, qui est le correspondant du corporal des rites occidentaux, et sur l'iliton on ouvre l'antiminsion qui est un linge de toile ou de soie, sur lequel est dessinée la scène de l'ensevelissement du Sauveur. Sur son revers est cousu un tout petit sachet dans lequel se trouvent des reliques. L'antiminsion est enveloppé dans l'iliton; souvent même les deux linges sont cousus l'un sur l'autre (2). L'autel est l'objet le plus sacré de l'église. On ne peut y placer que le tabernacle et le livre des saints Évangiles. Autant que possible, l'autel est recouvert d'un baldaquin ou ciborium en témoignage de respect. Le tabernacle est de dimension très réduite et a le plus souvent la forme d'un coffret ou d'une colombe.
Derrière l'autel, se trouve un chandelier à sept branches portant sept petites lampes à huile, et assez souvent une grande croix avec l'image du Crucifié en peinture, non en relief.
Enfin, dans le fond de l'abside est dressé le trône élevé réservé à l'évêque, avec, à droite et à gauche, les sièges pour le Presbyterium. Sur la gauche de l'autel, souvent dans une absidiole séparée, se trouve la prothèse, sorte d'autel latéral sur lequel se fait la préparation des éléments du sacrifice. Sur la prothèse sont déposés les vases sacrés : le calice ; - le disque (correspondant à la patène latine) ; - l'astérisque formé de deux lames de métal jointes en leur milieu et recourbées, au croisement desquelles une étoile est gravée ou suspendue par une chaînette ; il figure l'étoile qui guida les mages à la crèche et sert à protéger les parcelles déposées sur le disque lorsque celui-ci est recouvert de son voile ; - la sainte lance, couteau en forme de lance et ser¬vant à découper les parcelles que l'on doit déposer sur le disque ; - la cuiller destinée à donner la communion aux fidèles ; - les rhipidia, sortes d'éventails de forme circulaire sur lesquels sont peints ou ciselés des séraphins à six ailes et qui sont destinés à être portés pendant la procession de la grande Entrée et à être agités au-dessus des offrandes déposées sur l'autel ; - les voiles destinés à recouvrir les vases sacrés. Il y en a trois : un pour le disque, un pour le calice et l'autre, plus grand et nommé aër, pour recouvrir à la fois le disque et le calice. Mentionnons encore l'éponge, qui sert à la purification des vases sacrés, l'encensoir et le zéon, vase servant à contenir l'eau bouillante qui doit être versée dans le calice après la fraction du pain.
De l'autre côté de l'autel, dans l'absidiole sud, se trouve le diakonikon, la sacristie où sont les armoires contenant les ornements sacrés et tout ce qui est nécessaire au culte.

COSTUME ECCLÉSIASTIQUE.

Le clergé de rite byzantin porte une tunique de couleur noire. En Russie, le clergé séculier la portait de couleur plus claire, d'où la distinction entre le clergé blanc (les prêtres et les clercs inférieurs mariés) et le clergé noir (les évêques et les moines).
Le manteau ecclésiastique, le rason, est un vêtement ample, à larges manches, d'étoffe lisse et souple et de couleur noire. Sa coupe varie considérablement d'un pays à l'autre.
La coiffure cléricale des simples moines et des clercs inférieurs est la skoufa, sorte de bonnet cylindrique, dont le diamètre supérieur est légèrement plus élevé que l'inférieur. Dans plusieurs Églises, à partir du diaconat on porte le kalimmavchion, skoufa ornée d'un rebord à la partie supérieure.
Sur la skoufa ou le kalimmavchion, les dignitaires et les moines portent un voile très léger, qui retombe sur le dos.
L'insigne épiscopal est un médaillon de forme ovale et contenant une petite icone du Sauveur ou de la Mère de Dieu. Il peut aussi renfermer quelque relique. Il est décoré de pierres précieuses. Son nom est enkolpion, ou panagia. Certains prélats portent deux enkolpia. Lorsqu'ils célèbrent pontificalement la liturgie, les évêques portent en outre une croix pectorale, comme les évêques occidentaux.
La croix pectorale est l'insigne des archimandrites et d'autres dignitaires, et, dans l'Église russe et ses filles, une marque d'honneur décernée aux prêtres. Tous ont droit à la croix d'argent ; la croix d'or est réservée aux dignitaires.

VÊTEMENTS LITURGIQUES.

Parmi les vêtements liturgiques on distingue le sticharion. Il est commun à tous les ordres ecclésiastiques. C'est le correspondant de l'aube occidentale ; seulement, à la différence de celle-ci, il est d'ordinaire en soie et n'est pas nécessairement de couleur blanche. Le sticharion des diacres et des ministres inférieurs a des manches assez amples, tandis que celles du prêtre sont étroites et serrées au poignet au moyen de cordons. Le sticharion est toujours garni d'une croix dans le dos.
Au-dessus du sticharion, les sous-diacres portent une ceinture croisée sur le dos et sur la poitrine. L'insigne caractéristique du diacre est l'orarion. C'est une longue bande d'étoffe ornée de sept croix et souvent du mot hagios répété trois fois. Il se porte sur l'épaule gauche, retombant librement derrière le dos et sur la poitrine ; ou bien, au lieu de le laisser retomber en avant, on le fait passer sous l'aisselle droite, remonter sur l'épaule gauche et ensuite retomber sur la poitrine. Les Grecs le portent de la deuxième manière ; les Russes de la première, sauf les archidiacres et les protodiacres. Quand il doit accomplir quelque fonction de son ordre, le diacre tient élevée l'extrémité antérieure de son orarion.
L'insigne du sacerdoce est l'épityachilion correspondant à l'étole romaine. Il est orné de sept croix et ses deux bandes parallèles sont réunies par des boutons.
Le diacre et le prêtre portent aussi des manchettes ornées d'une croix et destinées à serrer les manches du sticharion.
Les dignitaires portent sur la hanche droite un losange de tissu rigide appelé épigonation. Il symbolise le glaive de la justice. Dans l'Église russe cet ornement existe sous deux formes : le losange (Palitsa) et le rectangle (nabedrennik). Ceux qui en ont le privilège, portent les deux en même temps, la palitsa à droite et le nabedrennik à gauche.
Le correspondant de la chasuble occidentale est le phélonion.
Sa forme ancienne est à peu près identique à celle de la chasuble dite gothique du rite latin. Aujourd'hui, ordinairement on l'échancre sur le devant pour donner plus d'aisance au mouvement des bras. De plus, chez les Russes, il est orné d'un large col raide en passemen¬terie.
L'évêque revêt tous les vêtements du prêtre, sauf le Phélonion. Il le remplace par le saccos qui est une ample dalmatique, de tissu précieux, souvent orné de petits grelots comme le vêtement du grand prêtre israélite.

L'insigne caractéristique de l'évêque est l'omophorion. C'est une très large bande d'étoffe précieuse ou de laine blanche ornée de croix. Elle se porte sur les épaules, les deux extrémités retombant sur le dos et sur la poitrine, comme l'ancien pallium romain auquel d'ailleurs il correspond. Outre le grand omophorion que nous venons de décrire, l'évêque en a un autre plus petit qui retombe simplement à la manière d'une étole. Il est réservé aux cérémonies moins solennelles et, dans la liturgie, il remplace le grand omophorion depuis l'épître jusqu'aux prières après la communion.
Ces vêtements sont de couleur claire pour les jours de fête et sombres pour les jours de deuil et de pénitence. Le rouge est ordinairement employé pour le carême et les défunts. Assez généralement cependant, on célèbre en noir les féries du carême et les offices des morts. Pendant le temps pascal on se sert uniquement du blanc.
Lorsqu'il fait son entrée solennelle dans l'église et aux offices moins importants, l'évêque ne prend pas tous ses ornements, mais il se contente de revêtir sur son rason le mandyas. C'est une sorte d'ample chape traversée dans toute sa longueur de bandes de soie d'une nuance un peu différente de celle du fond et appelées fleuves. Le mandyas est un manteau proprement monastique.
La coiffure épiscopale est la mitre ou couronne. Elle a la forme de la couronne impériale et est souvent surmontée d'une petite croix et ornée plus ou moins richement de médaillons en broderie ou en émail.
Pour les bénédictions solennelles, l'évêque se sert de deux chandeliers, l'un à trois branches, le trikirion, représentant le mystère de la Trinité, l'autre à deux branches, le dikirion, rappelant le mystère de l'Incarnation.
Enfin les évêques portent un bâton Pastoral. Il est terminé en haut par un petit globe surmonté d'une croix et par deux serpents enroulés qui se font face. Encore aujourd'hui, beaucoup de prélats emploient une forme plus ancienne de crosse où la barre transversale de l'antique bâton monastique en forme de T, n'est pas encore devenue des serpents. Dans les monastères, l'higoumène porte un bâton de même forme.

CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE.

Dans le rite byzantin, le terme liturgie est réservé à la célébra¬tion du saint sacrifice, l'oeuvre du culte public par excellence.
On y emploie trois formulaires : deux pour la liturgie complète, un pour celle des présanctifiés.
Les formulaires de la liturgie complète se composent de deux parties : une sorte d'u ordre commun» comprenant les cérémonies et les rubriques ainsi que les prières qui ne font pas partie de l'anaphore eucharistique, et cette anaphore elle-même.
L'anaphore eucharistique (qui correspond au canon de la messe latine) est essentiellement la grande prière d'action de grâces et de supplication au cours de laquelle s'opère le mystère sacré. On y rattache aussi un certain nombre de textes qui la précèdent ou la suivent. Il y a deux formulaires : l'un est attribué à saint jean Chrysostome, l'autre à saint Basile.
Le premier, le plus court, est le plus souvent employé. Le second, notablement plus long, n'est plus en usage qu'aux jours suivants : les vigiles de Noël et de l'Épiphanie, ou bien le jour même de ces fêtes lorsqu'elles tombent le dimanche ou le lundi ; la fête de saint Basile (IeT janvier) ; les cinq premiers dimanches du grand carême (excepté en l'occurrence de l'Annonciation) ; le jeudi saint et le samedi saint.
La liturgie des Présanctifiés, souvent attribuée à saint Grégoire le Grand, est un office de communion qui se greffe sur les vêpres du jour. On la célèbre les jours de semaine, surtout les mercredis et vendredis, pendant le grand carême, ainsi que les trois premiers jours de la semaine sainte.
Il faut signaler également que le rite byzantin possède un nombre assez considérable de jours où la célébration du saint sacrifice n'a pas lieu. Ce sont principalement ceux du grand carême, sauf les samedis et les dimanches.
L'heure normale de la liturgie solennelle est après sexte, mais aux jours de jeûne elle se joint aux vêpres.
Le rite byzantin a conservé et pratique la concélébration (3).
Notons encore que l'on ne distribue la communion en dehors de la liturgie qu'aux malades.
La communion est donnée sous les deux espèces. On met dans le calice les parcelles consacrées et on les distribue aux fidèles au moyen d'une cuiller. Dans certains endroits on n'emploie plus la cuiller. Le prêtre trempe des parcelles consacrées dans le calice et les met directement dans la bouche des communiants.

SYMBOLISME.

Les byzantins ont toujours attaché une grande importance à tous les symboles qui touchent la sainte liturgie, personnes, gestes, objets sacrés. Depuis la Théorie mystique, attribuée à saint Germain 1er, patriarche de Constantinople (715-729), jusqu'aux méditations sur la sainte liturgie de l'écrivain russe Gogol (t 1852), ces symboles ont toujours été une source abondante de vie intérieure des mystères de notre foi. Comme voile de la réalité divine, ils se greffent tous sur le sacrement, le mystère par excellence, le rayonnement de la gloire de Dieu et l'empreinte de sa substance, Jésus-Christ lui-même, la lumière joyeuse de la gloire sainte du Père immortel, et l'icone (image) du Dieu invisible (Col. 1,15). Selon la relation considérée, le même objet peut avoir parfois plusieurs significations. Nous ne signalons ci-dessous que les principales.

Divine Liturgie : la liturgie céleste décrite par saint jean dans son Apocalypse.

Prothèse : la préparation de l'Ancien Testament à l'avènement du Messie.

Liturgie des catéchumènes: la vie du Christ sur terre.

Petite Entrée: l'avènement du Verbe de Dieu et sa prédication.

Liturgie des fidèles: la mort du Christ, son ensevelissement, sa résurrection, son ascension et sa royauté éternelle.

Grande Entrée: la montée à Jérusalem ; l'entrée du Christ dans son royaume, escorté de la garde des légions célestes et de ses apôtres qui séparent les bons des méchants à leur approche devant le juge.

Prêtre: le Christ.

Diacre: les anges ; l'archange Gabriel ; saint Jean-Baptiste.

Assemblée: les bienheureux au ciel.

Église: le monde ; le ciel sur la terre ; les mystères de la foi.

Sanctuaire: le ciel.

Autel: le trône de Dieu ou du Christ ; l'autel céleste ; le saint sépulcre ; Jésus-Christ lui-même.

0ffrandes : la sainte Eglise.

Nappe: le linceul du corps du Christ.

Garniture d'autel: la gloire divine au ciel.

Évangéliaire: le Verbe de Dieu qui s'est fait chair, et l'achèvement de la Révélation.

L'autel de la prothèse: la grotte de la Nativité et la vie cachée du Christ..

Patène: la crèche ; le plateau sur lequel était immolé l'agneau pascal.

Astérisque: l'étoile de Bethléem.

Lance : la lance qui transperça le côté du Sauveur.

Voile de Patène: les langes qui enveloppèrent l'Enfant Jésus.

Voile de calice: le voile de la sainte Face.

Grand voile: la pierre à l'entrée du saint sépulcre.

Portes saintes: l'Annonciation, début de l'oeuvre du salut ; l'enseignement de Jésus, par lequel les fidèles sont invités aux mystères de Dieu.

Portes latérales : portes du paradis gardées par un ange au glaive de feu.

La représentation symbolique du ciel et de ses Puissances, de la montée par le Christ dans le Saint-Esprit (Éph. 2, 18 ), du sacerdoce du Christ, de son sacrifice et de sa royauté, de la communauté des saints en Jésus, fait l'objet chez les commentateurs de la liturgie, de larges développements et de considérations sublimes qui se croisent et s'enchevêtrent les unes les autres. Ils y sont d'ailleurs amenés naturellement par la décoration de leurs églises, dont les peintures, disposées selon des règles très précises, étaient les représentations des principaux événements de l'ancienne et de la nouvelle Alliance. Ainsi la sainte liturgie parle à l'esprit, non seulement par le sens des paroles, mais aussi par la représentation symbolique et véritable de la Rédemption dans ses différents stades.

LIVRES LITURGIQUES.

Le rite byzantin ne possède rien qui ressemble aux bréviaires et aux missels occidentaux. Il a conservé l'état de choses que le rite romain connaissait avant qu'on eût compilé les premiers missels et les premiers bréviaires. Les textes liturgiques sont disséminés dans différents recueils où ils sont groupés selon leur nature ou l'ordre de leur emploi.

Pour la célébration du saint sacrifice, on emploie les livres suivants :

l'Eucologe, qui contient les rubriques à l'usage du prêtre et du diacre, les trois liturgies, les offices pour l'administration des sacrements, l'ordre des funérailles, les rites de la profession monastique et les bénédictions diverses ;

l'Évangéliaire, renfermant tous les évangiles de l'année ;

le Livre de l'Apôtre, comprenant toutes les épîtres ainsi que les antiennes, les prokiména, les alléluia et les chants pendant la communion ;

l'Horologe, contenant l'ordre commun de l'office journalier et les ropaires : apolytikia et kontakia, de toute l'année.

Il faut mentionner en outre les livres de chant pour le texte mélodique des parties chantées.

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La présente version a été faite sur le texte grec original et en principe sur la rédaction que nous en trouvons dans l'ancienne édition romaine de la Propagande. Toutefois nous y ajoutons entre ( )certaines particularités du texte slavon de l'édition romaine de 1942. Les rares parenthèses ( ) enferment des variantes propres à l'usage grec contemporain. Cette brochure voudrait être pratique ; elle ne prétend reproduire dans le dernier détail les usages d'aucune Église locale

(1) Depuis le Ve siècle, le plan du sanctuaire comporte régulièrement trois absides; dans la principale, celle du centre, se trouve l'autel ; dans celle de gauche, la prothèse ; dans celle de droite, le diakonikon. Notons aussi que les murs de l'église, ses voûtes, ses coupoles sont entièrement recouverts de grandioses compositions iconographiques mettant sous les yeux des fidèles le Christ, la SSe Vierge, les mystères de l'Ancien et du Nouveau Testament, les saints anges, les saints martyrs, hiérarques, moines et vierges

(2) L'antiminsion est, en réalité, une sorte d'autel portatif et correspond à la pierre d'autel des Occidentaux. Il doit être consacré par l'évêque. En fait on en place un sur tous les autels, même consacrés. La nature des choses voudrait que ce fût sur lui qu'on dépliât l'iliton, mais l'usage contraire a prévalu.

(3) Dans le rite romain cet usage n’ existe qu’ au cours des cérémonies d’ ordination des prêtres et de consécration des évêques.

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